Le Pakistan a une nouvelle fois mercredi écarté les craintes de Washington et Londres sur un éventuel accès d'extrémistes musulmans à ses armes nucléaires après que WikiLeaks eut rendu public des télégrammes diplomatiques américains évoquant ce risque.

Le quotidien britannique The Guardian a publié mercredi l'extrait d'un télégramme signé en 2009 par l'ambassadeur des États-Unis à Islamabad, Anne Patterson, assurant: «Notre principale inquiétude n'est pas qu'un militant islamiste puisse s'emparer d'un engin (atomique) mais plutôt le risque que quelqu'un travaillant dans une installation du gouvernement du Pakistan puisse faire sortir progressivement du matériel nucléaire afin de produire éventuellement une arme».

«Leurs craintes sont déplacées et relèvent sans aucun doute de la condescendance, il n'y a jamais eu un seul incident concernant notre combustible fissile, ce qui démontre que nous contrôlons fermement» nos installations, a répondu à l'AFP Abdul Basit, le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères.

Ces dernières années, de hauts responsables occidentaux, en particulier américains, se sont plusieurs fois émus des risques pesant sur les armes nucléaires de la République Islamique du Pakistan, seule puissance militaire atomique du monde musulman.

En réponse, Islamabad a répété à l'envi que son arsenal nucléaire était hautement sécurisé selon les standards internationaux, ce dont est convenu publiquement le président américain Barack Obama, ainsi que, plusieurs fois, des hauts responsables de son gouvernement ou celui de son prédécesseur George W. Bush.

«Il est temps qu'ils abandonnent leurs partis pris à l'égard du Pakistan», a ajouté M. Basit à propos de la Grande-Bretagne et des États-Unis.

«En dépit d'une situation économique catastrophique, le Pakistan continue de produire des armes nucléaires à un rythme plus élevé que tout autre pays au monde», avertissait en 2008 un télégramme des services de renseignements américains rendu public par WikiLeaks.

Un autre télégramme diplomatique américain livré par WikiLeaks mentionne les craintes de la Grande-Bretagne et de la Russie: «Les islamistes ne cherchent pas seulement le pouvoir au Pakistan mais ils essaient aussi de mettre la main sur du matériel nucléaire», lit-on dans ce câble qui cite des responsables russes.

«Entre 120 000 et 130 000 personnes travaillent aux programmes nucléaire et de missiles du Pakistan (...), il est impossible de garantir à 100% leur fiabilité et leur loyauté», dit encore ce télégramme.

Le Pakistan est l'allié-clé de Washington depuis fin 2001 dans sa «guerre contre le terrorisme». Mais, en proie à l'insurrection des talibans alliés à Al-Qaïda dans le nord-ouest, frontalier avec l'Afghanistan, ce pays en paye l'un des plus lourds tributs: depuis 2007, les talibans ainsi que d'autres groupes jihadistes mènent une campagne d'attentats - suicide pour la plupart - qui a fait près de 4000 morts dans tout le pays.