La présence du beau-frère de l'ex-président tunisien au Château Vaudreuil, à l'ouest de Montréal, sème d'indignation au sein de la communauté tunisienne de Montréal.

«C'est une honte que cette famille ait trouvé refuge au Canada!» a laissé tomber Nabil Chattali, un Montréalais d'origine tunisienne qui s'est présenté devant le Château Vaudreuil jeudi midi.

Tel que révélé par le réseau TVA mercredi, le beau-frère de Zine al-Abidine Ben Ali, Belhassen Trabelsi, sa femme, ses quatre enfants et une nourrice séjournent bel et bien au Château Vaudreuil depuis la semaine dernière. Selon nos informations, ils y sont encore jeudi.

Cette nouvelle a provoqué une onde de choc au sein de la diaspora tunisienne de Montréal. Tard mercredi soir, une cinquantaine de personnes ont manifesté devant le chic hôtel de Vaudreuil-Dorion.

«Trabelsi, dégage!» ont-ils scandé en brandissant des drapeaux de la Tunisie. Les manifestants ont quitté les lieux vers deux heures du matin, frigorifiés, exténués, mais confiants d'avoir lancé un message au gouvernement canadien.

«Nous voulons qu'Ottawa l'arrête et entreprenne des mesures pour l'extrader», a dit l'une des participantes, Meriem Benromdhane. Le groupe souhaitait également envoyer un message d'appui à ses compatriotes en Tunisie.

Jeudi matin, quelques Montréalais d'origine tunisienne ont tenu à se rendre au Château Vaudreuil.  Nabil Chattali, 47 ans, s'est présenté à la réception pour demander à parler à Belhassen Trabelsi. Les employés de l'hôtel lui ont répondu qu'aucun client ne portait ce nom.

«Ces gens se sont appropriés toutes les richesses du pays en volant le peuple et en instaurant un régime de terreur, a-t-il dit. Comment ont-ils pu obtenir le statut de résident permanent au Canada?»

«C'est avec notre argent qu'il se paye une chambre dans un hôtel aussi chic!» a déploré un autre curieux.

Mercredi, le gouvernement tunisien a lancé un mandat d'arrêt international contre le président déchu et six de ses proches, dont son beau-frère Belhassen Trabelsi.

Interpol a entériné le mandat d'arrêt. Les sept fugitifs font face à des accusations relatives l'«acquisition illégale de biens mobiliers et de transferts illicites de devises à l'étranger».

Les autorités canadiennes ne semblent pas avoir encore arrêté Belhassen Trabelsi jeudi. La veille, la GRC a indiqué que le message diffusé par Interpol ne lui permettait pas d'agir dans cette affaire, puisqu'il ne constituait pas un mandat d'arrêt en vertu du droit canadien.

Jeudi, le premier ministre Stephen Harper a affirmé que le président déchu de la Tunisie et les membres de son régime ne sont pas les bienvenus au Canada.