Barack Obama a proposé lundi de développer l'utilisation par les policiers américains de caméras embarquées, une semaine après les émeutes qui ont secoué Ferguson, dans le Missouri, où un jeune Noir est mort début août sous les balles d'un policier blanc.

Le président américain, qui a réuni à la Maison-Blanche des représentants de la société civile et des forces de l'ordre, a en revanche exclu de réduire les transferts de matériel militaire vers la police, annonçant simplement un décret pour mieux les encadrer. Lors des premières émeutes à Ferguson, les images de policiers juchés sur des véhicules blindés pour contenir les manifestants avaient ravivé le débat sur une militarisation excessive de la police américaine.

«Nous avons constaté que, dans de nombreux cas, ces programmes étaient très utiles», a souligné Josh Earnest, porte-parole de la Maison-Blanche, citant en exemple l'utilisation par la police de Boston d'équipement militaire lors de l'attentat d'avril 2013, lorsque deux bombes artisanales ont explosé près de la ligne d'arrivée du célèbre marathon de la ville.

La police de Ferguson bénéficie, comme plusieurs milliers d'autres forces de police locales, du «programme 1033» qui permet au Pentagone de recycler ses équipements (jumelles de vision nocturne, armes, véhicules blindé).

M. Obama a par ailleurs proposé un plan d'investissement de 263 millions de dollars sur trois ans pour l'équipement et la formation des forces de l'ordre. Ce montant comportera un programme de 75 millions de dollars permettant de cofinancer, en partenariat avec les autorités locales, jusqu'à 50 000 caméras embarquées.

Il a appelé le Congrès à travailler avec lui pour s'assurer que les forces de l'ordre disposent «des ressources nécessaires pour financer la formation et les technologies nécessaires qui peuvent améliorer la confiance entre les communautés et la police».

Depuis la mort de Michael Brown, jeune Noir tué par un policier blanc le 9 août à Ferguson, au Missouri, dans des circonstances controversées, de nombreuses voix s'étaient élevées pour réclamer que toutes les polices du pays soient équipées de ces mini-caméras qui peuvent être accrochées au col ou à la chemise de l'uniforme, ou encore sur des lunettes.

Une pétition en ce sens, postée sur la site de la Maison-Blanche, a recueilli plus de 150 000 signatures. L'avocat de Michael Brown, Ben Crump, s'était également prononcé en faveur de leur utilisation. 

«Cette fois, ce sera différent» 

Ces mini-caméras sont déjà utilisées par la police dans certaines villes des États-Unis, comme à Laurel, dans le Maryland (est). Elles sont à l'essai à New York et à Washington. Dans le programme testé depuis octobre dans la capitale fédérale, les images enregistrées et non utilisées pour des enquêtes doivent être détruites au bout de 90 jours.

Annonçant par ailleurs la création d'un groupe de travail pour améliorer les liens entre forces de l'ordre et communautés locales, qui devra formuler des recommandations d'ici trois mois, M. Obama a affiché sa détermination. «Cette fois, ce sera différent», a-t-il lancé, reconnaissant que d'innombrables groupes de travail avaient été mis en place par le passé sur ce thème.

Le président américain, qui a reçu de jeunes militants des droits civiques, a souligné avoir été frappé par les témoignages de jeunes gens qui «se sentent marginalisés» et ont le sentiment que la loi ne s'applique pas à tous de la même manière. «Cela ne correspond pas à ce que nous sommes», a-t-il martelé.

Son ministre de la Justice, Eric Holder, a annoncé plus tard dans la journée, lors d'un discours à Atlanta (Géorgie, sud-est), qu'il allait présenter de nouvelles lignes directrices concernant le profilage racial par les agents des forces de l'ordre fédérales.

Il a assuré qu'il allait «instaurer de nouvelles règles rigoureuses --et des garde-fous solides-- pour aider à mettre fin au profilage racial, une bonne fois pour toutes».

Des dizaines de manifestations ont eu lieu lundi à travers les États-Unis pour demander justice, mains levées, pour Michael Brown.

A New York, quelques centaines de jeunes, en majorité des étudiants et lycéens blancs, se sont brièvement assis à Times Square pour une minute de silence, avant de repartir sous le slogan «Mains en l'air, ne tirez pas».