«Michael Brown était mon meilleur ami et je l'ai vu se faire exécuter en plein milieu de la rue comme s'il ne valait rien.»

La première phrase de l'interrogatoire du meilleur ami de Michael Brown, abattu le 9 août à Ferguson, au Missouri, donne le ton. Il est 13h50, le 13 août, et pendant près de 45 minutes, le témoin avancera, puis reculera dès qu'il sentira que ses interlocuteurs remettent sa version des faits en question.

«Je ne veux pas donner mon numéro de téléphone», répond-il quand le détective et l'agent spécial qui commencent à l'interroger le lui demandent.

À l'inverse, il décrit sans détour la manière dont il a entendu un coup de feu dans la rue, pour ensuite se précipiter à la fenêtre. «Je l'ai vu au milieu de la rue, les mains dans les airs. J'ai vu un policier, je ne pourrais pas dire à quoi il ressemblait. Je l'ai vu sortir de sa voiture, lui tirer une balle dans la tête et tirer huit autres coups de feu par la suite», raconte le témoin numéro 35. Son interrogatoire, comme celui des 60 autres témoins rencontrés par le grand jury, a été rendu public après la tombée du verdict, lundi soir.

«Il avait été touché du côté gauche», poursuit l'ami de Michael Brown. Selon lui, le jeune homme de 18 ans était à genoux quand il a levé les mains en l'air. «Il a dit: «Ne tirez pas sur moi» », relate-t-il.

Quand les enquêteurs doutent de sa version des faits, le meilleur ami de Michael Brown s'énerve. «Je ne mentirai jamais sur mon ami», martèle-t-il.

Contradictions

À la fin de l'interrogatoire, l'agent spécial confie au témoin que sa version contredit celle que d'autres témoins ont fournie. Certains ont déclaré que Michael Brown courait vers le policier Darren Wilson; d'autres ont rapporté que le jeune homme n'avait jamais levé les bras en l'air.

Lundi soir, ces témoignages contradictoires ont été soulignés par le procureur Robert McCulloch, qui a annoncé la décision du grand jury de ne pas poursuivre Darren Wilson en justice. «Le travail du grand jury consiste à séparer les faits et la fiction», a-t-il déclaré. «Il n'existe pas de cause probable permettant de formuler des accusations contre Darren Wilson.»