La famine menace dans l'est du Soudan si le gouvernement n'intervient pas, à cause de pénuries d'eau, de mauvaises récoltes et de hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires, a prévenu mardi le parti régional le Congrès Beja.

«Si le gouvernement ne fait rien pour résoudre le problème dans les jours qui viennent, il va y avoir une famine dans l'est du Soudan», a déclaré Salah Barkawin, porte-parole du parti, expliquant que la région était pauvre et n'avait plus les moyens d'acheter du sorgho, l'aliment de base au Soudan.

«En août, nous avons prévenu le gouvernement qu'il devait prendre soin de l'est du Soudan à cause d'un manque de pluie cette année. Maintenant, le prix du sorgho a explosé, passant de 75 à 200 (18 à 50 dollars) livres soudanaises le sac», a-t-il ajouté.

La ministre soudanaise du Travail, Amina Dirar, originaire de l'est, avait auparavant reconnu une grave pénurie de denrées alimentaires dans la région, liée selon elle à la sécheresse qui sévit dans la Corne de l'Afrique, tout en assurant que le gouvernement envoyait déjà une aide alimentaire.

«L'est du Soudan fait partie de la Corne de l'Afrique. Nous avons dit que nous aussi souffrons de la famine et maintenant nous envoyons des convois là-bas pour fournir de l'aide alimentaire», a déclaré Mme Dirar au quotidien soudanais Al-Tayyar.

Selon l'ONU, des dizaines de milliers de personnes ont succombé à la famine dans la Corne de l'Afrique, où sévit la pire sécheresse depuis des décennies, et quelque 12 millions de personnes risquent de mourir de faim. L'épicentre de la crise se situe en Somalie, mais des régions du Kenya, d'Ouganda, d'Éthiopie et de Djibouti sont aussi touchées.

Au Soudan, les prix des denrées alimentaires ont explosé ces derniers mois, et août a connu le taux d'inflation le plus fort depuis 5 ans, ce qui a provoqué des manifestations sporadiques à travers le pays.

Selon le Réseau Famine Early Warning Systems (Fews, Systèmes d'alerte anticipée de famine), les récoltes devraient être «nettement inférieures à la normale» cette saison au Soudan, où seules 70% des terres arables sont cultivées en raison de pluies tardives et des conflits en cours dans le pays.

En septembre, environ 4,5 millions de personnes étaient en situation d'insécurité alimentaire, selon cette organisation américaine, qui attribuait cependant la hausse aux déplacements de population liés aux combats dans les États du Kordofan-Sud et du Nil Bleu, limitrophes du Soudan du Sud.

Alors que le Sud a fait sécession et que la guerre civile fait rage au Darfour à l'ouest, l'est du Soudan a connu une décennie de rébellion de minorités ethniques contre le gouvernement central de Khartoum, qui s'est achevée avec un accord de paix fragile en 2006. La pauvreté reste endémique dans cette région de 5 millions d'habitants.