Sous une petite mosquée de Mogadiscio endommagée par les combats, dont une partie du minaret a été emportée, des familles installent leur très rudimentaire campement, apparemment indifférentes aux rafales d'armes automatiques qui retentissement régulièrement.

«Ce ne sont pas les shebab qui nous inquiètent maintenant, mais plutôt de savoir comment nous allons nourrir nos enfants», relève Huwa Ibrahim, mère de quatre enfants.

Dans la capitale somalienne, les rescapés de la sécheresse venus des régions les plus touchées ont envahi les rues tandis que des miliciens donnent la chasse aux derniers islamistes qui contrôlaient la ville il y a peu encore.

«Lui ! Non, l'autre», ordonne le chef de patrouille à ses hommes, qui pointent leur kalachnikov vers le suspect.

Ces militants du mouvement pro-gouvernemental Ahlu Sunna Waljama traquent les derniers combattants shebab qui pourraient s'être cachés dans le quartier de Hodan, qu'ils ont arraché de haute lutte aux islamistes il y a deux mois.

Les cris attirent des enfants curieux au-dessus d'un balcon branlant, tandis que des femmes disparaissent prudemment dans les étroites allées environnantes.

L'homme est emmené au QG local d'Ahlu Sunna, un bâtiment en ruine aveuglé par les sacs de sable, au-dessus duquel flotte un drapeau somalien élimé -étoile blanche sur fond bleu-, dans l'air chaud de l'Océan Indien tout proche.

Le suspect n'est pas le bon, il est relâché, hagard mais indemne.

Si les shebab qui combattent depuis des années le fragile gouvernement de transition somalien ont été contraints d'abandonner la capitale le 6 août, la ville bruisse de rumeurs de possibles contre-attaques ou d'attentats de leur part.

«Nous protégeons nos gens», proclame fièrement Abullahi Moalim, un commandant d'Ahlu Sunna, un mouvement sunnite modéré qui a pris les armes face à l'extrémisme religieux imposé par les shebab.

Le quartier d'Hodan, ancien bastion shebab stratégiquement situé à proximité de la route reliant le palais présidentiel à l'aéroport où est installée la force de l'Union africaine (Amisom), a fait l'objet de combats acharnés. En témoignent les immeubles éventrés pour faciliter le passage des combattants, les longs tunnels creusés par les shebab, les caisses de munitions encore empilées ici ou là.

Mais ce sont les victimes de la sécheresse qui envahissent aujourd'hui ces rues à l'abandon, où les cactus s'érigent sur un ancien cinéma en plein air, et où les bougainvilliers prennent d'assaut un monument à la gloire de héros coloniaux depuis longtemps oubliés.

Environ 100.000 personnes se sont réfugiées ces derniers mois à Mogadiscio, venues du sud et du centre du pays frappé par une sécheresse sans précédent depuis des décennies.

Plusieurs milliers ont trouvé refuge à Hodan, abrités sous des bâches de plastique. «Pour la sécurité, ça va», estime Ibrahim Madey, sous l'oeil fatigué d'un milicien bardé de munitions, l'arme automatique au poing.

«Mais tous mes enfants souffrent de diarrhée et mon petit dernier a la rougeole», s'inquiète M. Madey, qui a fui la région du bas Shabelle, déclarée le mois dernier en situation de famine par les Nations unies.