Le nouveau président français, François Hollande, s'est immédiatement plongé dans le feu de l'action, hier soir, en couronnant les cérémonies de passation des pouvoirs tenues durant la journée par une première rencontre avec la chancelière allemande, Angela Merkel, à Berlin.

Le dirigeant socialiste et son homologue d'outre-Rhin, qui divergent d'opinions sur l'attitude à adopter devant la crise de l'euro, ont notamment discuté à cette occasion de la manière de relancer la croissance sur le continent et du sort de la Grèce, au bord du gouffre.

Le chef d'État français a promis durant sa campagne victorieuse contre le président sortant Nicolas Sarkozy de renégocier le traité budgétaire européen. Mme Merkel répète pour sa part qu'il n'est pas question de le revoir et d'alléger ses exigences en matière d'austérité.

Lors d'une conférence de presse commune, les deux dirigeants ont évoqué leur différend sans insister. Ils se sont plutôt attardés sur leur volonté commune de maintenir la Grèce dans la zone euro.

«Nous avons un horaire chargé en matière de questions européennes», a résumé la chancelière, qui a blagué sur le fait que l'avion du président français avait été frappé par la foudre peu après son départ de Paris. Par mesure de sécurité, un second appareil a finalement été utilisé pour le voyage.

Moment charnière

La journée avait débuté dans un tout autre registre pour François Hollande, qui a été accueilli vers 10h sur le tapis rouge de l'Élysée par Nicolas Sarkozy pour la passation des pouvoirs.

Après un tête-à-tête d'une demi-heure avec son prédécesseur, qui lui a notamment remis les codes nucléaires, il a officiellement été désigné comme le nouveau chef de l'État par le président du Conseil constitutionnel.

Lors d'un bref discours, M. Hollande a déclaré qu'il «n'y a pas de fatalité» malgré «le poids des contraintes auxquels fait face» la France.

«Nous sommes un grand pays qui, dans son histoire, a toujours su affronter les épreuves. Chaque fois, il y est parvenu en restant lui-même, toujours dans l'élévation et l'ouverture, jamais dans l'abaissement», a souligné le dirigeant socialiste.

Il s'est ensuite rendu à l'Arc de triomphe pour se recueillir sur la tombe du Soldat inconnu après avoir été trempé par une pluie glaciale en remontant l'avenue des Champs-Élysées.

Une foule de curieux et d'admirateurs, parmi lesquels se fondaient plusieurs touristes, s'était déplacée pour voir le nouvel homme fort français.

Attentes élevées

«Que l'on ait voté pour ou non, qu'on soit pour lui ou non, c'est important d'être là pour marquer le coup», a déclaré Anne Mogé, 35 ans, une résidante de la région d'Aix-en-Provence qui a profité d'une visite à Paris pour faire acte de présence.

«Ce qu'on attend, c'est qu'il redresse la France. Il va avoir beaucoup de travail à faire. Et ce ne sera pas facile pour lui», a-t-elle déclaré.

Brigitte, une Parisienne qui n'a pas voulu donner son nom de famille, a souligné qu'elle était «à fond pour Hollande» et se réjouissait de son arrivée formelle au pouvoir.

La dame a dit espérer que le nouveau président saurait, à l'échelle européenne, convaincre ses pairs de favoriser la croissance et non seulement l'austérité.

«On voit bien que l'austérité ne fonctionne pas. Qu'en Grèce, ça amène les néonazis au pouvoir. La montée de l'extrême droite est hyper dangereuse», a-t-elle souligné.

Défi considérable

Les partisans de Nicolas Sarkozy, qui a été vu hier après-midi en train de faire de la course à pied dans un parc parisien, ont prévenu que les lendemains risquent d'être difficiles pour le dirigeant socialiste.

«On va peut-être se rendre compte de la distance qu'il peut y avoir entre les discours de campagne et la réalité», a prévenu Henri Guaino, ancien conseiller spécial du président sortant.

0%

La croissance économique a été nulle en France au premier trimestre de 2012, a révélé hier l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). L'organisation a parallèlement révisé à la baisse la croissance pour le dernier trimestre de 2011, de 0,2 à 0,1%. Le pays échappe ainsi, de peu, à la récession, définie techniquement par deux trimestres successifs de croissance négative.