Le président français Nicolas Sarkozy, qui lutte bec et ongles pour conserver son poste devant le candidat socialiste François Hollande, accuse le camp adverse d'utiliser des «boules puantes» pour tenter de faire dérailler sa campagne.

Le chef d'État en veut particulièrement au site Mediapart, qui l'accuse, document à l'appui, d'avoir fait financer en partie sa campagne de 2007 par l'ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

«Il y a une morale. Ceux qui mentent, ceux qui font défaut doivent être condamnés par la justice», a déclaré hier matin le président en annonçant son intention de porter plainte en diffamation contre le média en ligne, qu'il décrit comme une «officine» de la gauche. Quelques heures plus tard, le parquet a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire.

Le directeur de Mediapart, Edwy Plenel, a souligné qu'il attendrait avec sérénité «un éventuel procès» et reviendrait en détail à cette occasion sur les «suspicions largement documentées» de «relations financières entre l'entourage de Nicolas Sarkozy et celui du dictateur Mouammar Kadhafi».

Le site a révélé en fin de semaine une note prétendument rédigée par les autorités libyennes faisant état de la conclusion, lors d'une rencontre tenue en octobre 2006, d'un «accord de principe» pour verser 50 millions d'euros à la campagne du futur président français.

L'ancien chef des renseignements extérieurs de la Libye Moussa Koussa, qui signe la note, a assuré du Qatar qu'il s'agissait d'une fabrication. «La question ne mérite même pas que l'on s'y arrête», a-t-il déclaré.

Bachir Saleh, un proche collaborateur de Mouammar Kadhafi qui était le destinataire désigné de la note en question, a fait savoir par son avocat qu'il n'avait jamais reçu un tel document. Il a aussi nié avoir participé à une réunion où un accord de financement de cette nature aurait pu être conclu.

L'avocat de M. Saleh, qui a joint l'Agence France-Presse pour diffuser un démenti, a mis en lumière le fait que cet ancien dignitaire du régime libyen vit aujourd'hui en sol français avec un titre de séjour provisoire officiellement accordé au nom du «regroupement familial».

Le Canard enchaîné a indiqué dans de récents numéros que Bachir Saleh avait reçu l'aide de la France pour quitter la Libye et dispose aujourd'hui d'une protection policière, alors qu'il est activement recherché par Interpol dans une affaire de fraude.

L'hebdomadaire satirique a avancé que la connaissance approfondie qu'a le dignitaire des investissements de l'ancien régime libyen pourrait expliquer l'accueil réservé par les autorités françaises.

Au moment du lancement de l'opération militaire en Libye en 2011, l'un des fils de Mouammar Kadhafi, Seïf al-Islam, avait exigé dans une entrevue que Nicolas Sarkozy rende l'argent «accepté de la Libye» pour financer sa campagne. L'Élysée avait catégoriquement démenti l'affirmation.