Nicolas Sarkozy et François Hollande ont accéléré le rythme pour tenter de convaincre les électeurs, en particulier ceux du Front national, avant le second tour de la présidentielle, tout en prenant garde de ne pas se couper de leur base et de l'électorat centriste.

L'affrontement entre les deux candidats reste à distance, François Hollande s'en tenant à sa position d'un seul débat, en principe le 2 mai.

Nicolas Sarkozy, pressé d'affronter son concurrent pour tenter de refaire son retard, a accepté «sans aucune condition» un débat proposé mardi par quatre grandes stations de radios, mais François Hollande l'a refusé.

«Il y a une tradition, il y a un rite, les Français l'attendent. Ils veulent un grand débat. Voilà, il n'y a pas plus à en dire», a conclu le candidat socialiste.

«On ne peut pas faire la campagne du 2e tour comme au 1er tour, il faut comprendre le vote FN», a affirmé M. Sarkozy en campagne à Longjumeau (Essonne).

Le vote Front national n'est «pas répréhensible», a fait valoir le président-candidat qui précisera mercredi et jeudi soir à la télévision ses engagements «pour que les électeurs (du FN) sachent qu'on a compris leur message et qu'ils aient la certitude qu'ils seront tenus».

François Hollande s'est rendu dans l'Aisne - un département où Marine Le Pen est arrivée dimanche en deuxième position, tout juste derrière lui - pour donner «confiance» à «tous les électeurs» et «montrer de l'espoir».

«Je m'adresse à tous les électeurs, à toutes les électrices (...), je n'en distingue pas», a-t-il déclaré en arrivant à Laon.

Les 17,9% des voix et 6,4 millions d'électeurs rassemblés au premier tour par la présidente du FN forcent les deux finalistes à se préoccuper de cet électorat, qui constitue la plus importante réserve de voix pour le second tour.

Mardi matin, le candidat socialiste affirmait à la une de Libération sa volonté de «convaincre» l'électorat du FN «dont une partie vient de la gauche».

Nicolas Sarkozy a d'ailleurs ironisé sur ceux qui lui reprochent «de parler aux électeurs du Front national», alors que «M. Hollande le peut, lui, comme il l'a fait dans un quotidien».

La pêche aux voix FN exige des deux finalistes de ne pas braquer leur propre électorat, ni les 3,2 millions d'électeurs de François Bayrou, l'autre réservoir de voix pour le second tour.

François Hollande a assuré ainsi que le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales «sera fait dans le quinquennat», comme l'ensemble des 60 engagements de son programme. Ségolène Royal avait affirmé lundi soir que cette mesure n'avait «jamais été» la «priorité» du Parti socialiste.

Dans le camp Sarkozy, la droitisation de la campagne du candidat UMP fait grincer quelques dents. Pour avoir déclaré qu'en cas de duel PS/FN aux législatives elle voterait socialiste, la sénatrice UMP Chantal Jouanno s'est faite sévèrement recadrer par François Fillon, qui a jugé ses propos «stupides». «Il faut refuser de se placer dans une hypothèse de défaite et refuser toute question sur l'après» second tour, a-t-il dit. Le Premier ministre a toutefois assuré plus tard sur le plateau du Grand Journal de Canal+ qu'il ne voterait «bien sûr» pas pour le Front national en cas de duel PS/FN aux législatives mais qu'il n'avait pas non plus «envie» de voter pour le PS.

Le Front national a dénoncé la «multiplication» des appels venant de l'UMP à voter PS en cas de duel PS/FN aux législatives, jugeant «malheureux de voir des dirigeants du parti de Nicolas Sarkozy faire la courte échelle à François Hollande».

Sur un autre terrain, les deux finalistes n'entendent ni l'un ni l'autre céder un pouce sur le vote arménien: ils ont tour à tour, sans se croiser, commémoré, à Paris, le génocide arménien de 1915.