Le président sortant Nicolas Sarkozy et le candidat socialiste François Hollande, favori des sondages, se sont livré à une guerre des chiffres dimanche, assurant avoir rassemblé chacun 100 000 personnes dans des réunions géantes à Paris, à sept jours de la présidentielle française.

Marée de drapeaux bleu-blanc-rouge sur la place de la Concorde, où Nicolas Sarkozy a convié la «majorité silencieuse», contre ambiance festive, pique-nique et concerts sur l'esplanade du château de Vincennes, quelques kilomètres plus à l'est, autour de François Hollande, Paris était divisé en deux camps.

Malgré une météo incertaine et un vent glacial, des dizaines de milliers de leurs partisans étaient présents aux deux rassemblements. Mais les chiffres avancés par chacune des deux équipes paraissaient surévalués aux yeux des journalistes sur place. La police a prévenu qu'elle ne fournirait aucune estimation sur la participation.

Constant depuis le début de la campagne, le candidat socialiste, favori dans les sondages, a pris la posture du rassembleur, tandis que le président sortant s'est situé résolument à droite, multipliant les références historiques sur la grandeur de la France et appelant à la création d'un nouveau modèle tournant le dos à l'égalitarisme.

Les stratèges de sa campagne considèrent que c'est à l'extrême droite qu'il faut aller chercher les voies pour arriver en tête au premier tour, afin d'espérer l'emporter au second tour.

«Nous avons la jeunesse et l'intelligence, nous avons les entrepreneurs et les savants pour inventer ce nouveau modèle français. Je n'accepterai jamais une France égalitariste, nivelée qui tournerait le dos au talent parce qu'elle en aurait peur», a affirmé Nicolas Sarkozy.

«Nous n'accepterons jamais le communautarisme. Nous ne laisserons jamais détruire les institutions qui fondent la République», a-t-il lancé.

«Les crises qui se sont succédé depuis quatre ans sont des avertissements que le monde doit entendre. Je vous le dis avec gravité, ce qui est en jeu, c'est la survie d'une forme de civilisation, la nôtre», a-t-il ajouté.

«N'ayez pas peur! J'irai à votre rencontre chaque minute, chaque seconde. Peuple de France, entend mon appel. Françaises, Français, aidez-moi!», a conclu Nicolas Sarkozy avant d'entonner la Marseillaise.

Le président sortant, très en retard dans les sondages, veut se présenter comme le candidat d'une France «silencieuse» face à une élite qui aurait déjà décidé du résultat de l'élection, la victoire de son rival socialiste.

«Je l'ai dit et je le répète devant vous: je suis prêt, prêt à vous représenter au second tour, prêt gagner le 6 mai et prêt à présider la France», a répliqué presque immédiatement François Hollande, appelant à «donner un jugement sévère sur le quinquennat qui s'achève».

«Je récuse cette façon pernicieuse de dresser la moitié de la France contre l'autre. Il n'y a pas d'un côté une minorité bruyante et de l'autre une majorité silencieuse. Cette majorité ne sera pas silencieuse, elle sera audacieuse, ça sera la grande, la belle majorité du changement», a souligné le candidat socialiste.

Les deux candidats avaient écarté toute idée de «match», mais ils avaient pourtant bien le même objectif: réunir plus de sympathisants que le camp adverse, pour marquer un point symbolique dans la campagne.

L'exercice s'annonçait crucial pour Nicolas Sarkozy, le président sortant le plus impopulaire. Après une remontée en mars dans les sondages, il a vu les intentions de vote en sa faveur décliner en fin de semaine pour le premier tour, qui aura lieu dimanche prochain.

Les derniers sondages donnent Nicolas Sarkozy et François Hollande autour de 27%. Derrière eux se trouvent les candidats contestataires -la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen est à la lutte avec Jean-Luc Mélenchon, chacun recueillant entre 13% et 17% des intentions de vote-, puis le centriste François Bayrou, avec autour de 10%.

François Hollande est de plus toujours donné vainqueur haut la main au second tour, le 6 mai, contre Nicolas Sarkozy, avec de 54 à 56% des voix.