Le président candidat Nicolas Sarkozy présente jeudi son programme détaillé et chiffré, à seulement 17 jours de l'élection présidentielle en France, entamant la dernière ligne droite d'une campagne marquée jusqu'ici par un discours très dur sur la sécurité et l'immigration.

Au coude à coude avec son adversaire socialiste François Hollande au premier tour, mais toujours largement battu au second selon les sondages, Nicolas Sarkozy va rendre public son programme dans l'après-midi sous la forme d'un document d'une quinzaine de pages imprimé à des centaines de milliers d'exemplaires.

Celui-ci va reprendre les propositions qu'il a déjà dévoilées au coup par coup ces dernières semaines: augmentation de la TVA (de 19,6 à 21,2%) pour alléger les charges des entreprises, réduction de l'immigration légale, réforme de la formation professionnelle, taxation des exilés fiscaux, retour à l'équilibre des finances publiques en 2016.

Nicolas Sarkozy a prévenu que cet effort de désendettement promis aux partenaires européens coûterait 115 milliards d'euros (149 milliards de dollars): 75 milliards d'économies (97 milliards de dollars) et 40 milliards (52 milliards de dollars) de nouvelles recettes.

Mais l'équipe du président candidat promet aussi quelques «surprises», dont des mesures visant à baisser le coût d'obtention du permis de conduire, afin de faciliter la mobilité dans la recherche d'emploi.

Une «Lettre aux Français» sera aussi dévoilée, dans laquelle Nicolas Sarkozy souhaite «faire partager cette conviction aux Français qu'on ne pouvait plus attendre pour changer un certain nombre de choses, pour changer la mondialisation, pour changer l'Europe, pour changer la France», a indiqué jeudi le conseiller présidentiel Henri Guaino.

Le temps presse, car François Hollande a détaillé mercredi soir lors d'un rassemblement de campagne à Rennes (ouest) les mesures qu'il prendra lors de sa première année de mandat, s'il est élu le 6 mai, avec pour mot d'ordre: «le changement commencera tout de suite».

Un changement qui prend la forme de 35 mesures concrètes: blocage du prix des carburants, modification de la réforme des retraites, baisse du salaire du président et des ministres, réforme fiscale avec tranche à 75% pour les revenus dépassant 1 million d'euros annuels. (1,3 million de dollars)

Pour l'équipe de François Hollande, qui se tenait au côté de son ancienne compagne Ségolène Royal, mère de ses quatre enfants et ancienne candidate malheureuse des socialistes à la présidentielle de 2007, «la gauche n'a jamais été aussi prête» à gouverner.

Mais le chef du parti présidentiel UMP, Jean-François Copé, a estimé jeudi que le projet de François Hollande est «intenable» en raison de son coût et qu'il risque d'«emmener la France dans la situation de la Grèce».

Pour le premier tour, Nicolas Sarkozy est stable avec 30% des intentions de vote, mais l'écart avec François Hollande est infime, le candidat socialiste gagnant 3 points à 29%, selon un sondage de l'institut CSA publié mercredi soir.

Le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon s'installe à la 3e place avec 15% (+2,5) devant la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen à 13% (-2) et le centriste François Bayrou avec 10% (-2,5).

La percée de Jean-Luc Mélenchon, un ancien socialiste qui rallie derrière lui les communistes et a récupéré la majeure partie du vote protestataire d'extrême gauche, a conduit jeudi François Hollande à expliquer qu'il allait «entendre les messages» de ses électeurs, sans pour autant «modifier son projet».

Selon ce dernier sondage, si le second tour avait lieu dimanche prochain, François Hollande l'emporterait largement face à Nicolas Sarkozy avec 54% (+1) contre 46% (-1).

Un score qui traduit l'impopularité du président candidat: au second tour, l'anti-sarkozysme continue d'être le principal ressort du vote pro-Hollande, puisque 59% de ceux qui ont l'intention de voter Hollande le feraient «avant tout» parce qu'ils «ne souhaitent pas que Nicolas Sarkozy soit président de la République», selon CSA.