Des dizaines de milliers de partisans du président français Nicolas Sarkozy ont convergé hier à Villepinte, en banlieue parisienne, pour participer à un grand rassemblement qui visait à galvaniser sa campagne de réélection et à créer un électrochoc dans l'électorat du pays.

Le politicien, qui tente en vain depuis plusieurs semaines de réduire l'écart dans les sondages avec son adversaire socialiste François Hollande avant la tenue du premier tour de l'élection présidentielle, a été accueilli sur scène par une foule enthousiaste qui scandait son nom en agitant des drapeaux français.

Dans un discours d'une heure régulièrement interrompu par les cris de militants survoltés répétant «Nicolas président» ou «On va gagner», il a longuement défendu son bilan des cinq dernières années.

Action européenne

Le candidat de la droite traditionnelle a mis un accent particulier sur son action à l'échelle européenne. Sans l'impulsion de la France, a-t-il assuré, le continent aurait répondu «en ordre dispersé» à la crise des dernières années et le continent se serait «disloqué».

«Il n'y aurait pas eu d'accord pour sauver la Grèce. L'euro aurait disparu. Les Français auraient perdu leur épargne. Le pouvoir d'achat se serait effondré. En se battant pour les autres, la France s'est battue pour elle-même. Elle s'est protégée. Elle a résisté», a souligné Nicolas Sarkozy.

Le chef d'État a assuré, du même souffle, qu'il était nécessaire aujourd'hui de «changer l'Europe» pour faire en sorte qu'elle constitue non pas une «menace, mais une protection» pour les populations du continent.

Virage à droite

Il a indiqué qu'il entendait demander que soient revus les accords de Schengen de manière à «imposer une discipline commune» dans les contrôles aux frontières et à limiter les flux migratoires vers les pays membres de l'Union européenne. Faute de progrès sérieux en ce sens dans les 12 mois qui viennent, la France suspendra sa participation aux accords, a prévenu le politicien.

Le tour de vis réclamé rejoint plusieurs annonces récentes du président, qui est accusé par ses critiques de «droitiser» son discours pour courtiser l'électorat d'extrême droite. Il avait notamment souligné la semaine dernière son intention de réduire de moitié l'immigration légale en France.

Nicolas Sarkozy entend demander par ailleurs que l'Europe se dote de nouvelles mesures afin d'assurer une «concurrence loyale» avec ses principaux partenaires commerciaux. Faute d'avoir un accès libre aux marchés publics étrangers, les pays du continent devraient réserver une part des marchés publics locaux à des firmes européennes, a-t-il déclaré en se défendant de vouloir encourager le protectionnisme.

«Voilà comment je veux réconcilier la France qui se sent fragilisée, qui se sent dépossédée de tout ce à quoi elle tient et la France qui veut répondre à l'appel du grand large, qui veut conquérir le monde», a relevé le président, qui a peu évoqué son adversaire socialiste durant son discours.

La majorité silencieuse

Les critiques les plus virulentes à l'encontre de François Hollande sont venues des autres orateurs du rassemblement, qui se sont succédé pendant deux heures au micro avant l'entrée en scène de la vedette de la journée.

Jean-Marie Bockel, un élu socialiste que Nicolas Sarkozy avait recruté comme secrétaire d'État en 2007, a accusé le candidat socialiste de «prendre les Français pour des gogos» en refusant de leur parler franchement de la situation du pays.

Christine Boutin, qui dirige une petite formation d'inspiration catholique, a accusé M. Hollande de défendre une politique «mortifère» en cherchant à faciliter l'accès à l'euthanasie et à l'avortement.

Le secrétaire général du parti du président, Jean-François Copé, a déclaré pour sa part que le candidat socialiste était un élu «conservateur» et sans envergure qui avait fermé les yeux pendant des années sur l'organisation «mafieuse» de plusieurs associations du Parti socialiste.

«Nicolas Sarkozy sera réélu par la majorité silencieuse qui en a marre de l'impunité médiatique protégeant» François Hollande, a-t-il assuré.

Des vedettes du milieu culturel étaient aussi présentes hier pour marquer l'occasion. Le comédien Gérard Depardieu est notamment monté sur scène pour appuyer le chef d'État, un homme, dit-il, dont on n'entend «que du mal alors qu'il ne fait que du bien».

Appel à la mobilisation

Nicolas Sarkozy a déclaré que son premier quinquennat lui avait permis d'apprendre à la dure que le président de la République est «plus critiqué, plus attaqué, plus caricaturé» que n'importe qui d'autre et qu'il fallait «absolument tenir» malgré la pression.

«Tenir encore. Tenir toujours. Tenir envers et contre tout, car si le président de la République ne tient pas, c'est tout l'édifice qui peut se fissurer», a lancé le politicien, qui a conclu son discours par un appel à la mobilisation.

«Je mesure ce qu'il reste à accomplir. Aidez-moi! [...] Nous avons deux mois pour bousculer les certitudes, deux mois pour tout renverser, deux mois pour les faire mentir, deux mois pour faire triompher la vérité», a-t-il conclu avant d'entonner La Marseillaise.