Nicolas Sarkozy, candidat à sa réélection et donné battu par tous les sondages, espère retrouver la magie de sa campagne victorieuse de 2007, lors d'un grand meeting dimanche à Villepinte où il exposera sa «vision» de la France devant des dizaines de milliers de personnes.

J-42, dimanche : le président sortant n'aura plus que six petites semaines pour tenter de donner un nouveau souffle à sa campagne et inverser les sondages, qui pronostiquent la victoire haut la main de son adversaire socialiste François Hollande.

Depuis sa déclaration officielle de candidature, le 15 février, M. Sarkozy a eu beau aligner les propositions, animer des réunions publiques, rencontrer de nombreux Français, le déclic ne s'est pas produit.

Certains, dans sa majorité, s'en inquiètent. «Aujourd'hui, le point est de savoir si on perd à 48% ou à 42%», affirme, résigné, un élu de l'UMP.

C'est dire si M. Sarkozy compte sur ce grand meeting de Villepinte, près de Paris, pour raviver la flamme dans son camp et convaincre les Français qu'il est bien ce «candidat du peuple» apte à lui faire prendre le tournant du XXIe siècle, comme il l'affirme.

L'UMP table sur 60 000 personnes dont 55 000 dûment inscrites, ce qui était le cas vendredi. Et quelque 600 journalistes sont attendus pour suivre cette journée qui débutera à 10h par un Conseil national de l'UMP.

Tous les ralliés s'exprimeront brièvement, comme Christine Boutin, Hervé Morin et vraisemblablement Jean-Louis Borloo, le patron du Parti radical.

Puis vers 13h40, Nicolas Sarkozy montera à la tribune. Selon sa porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet, le président-candidat «va ordonner les propositions qu'il a déjà faites (référendums, immigration, éducation, formation professionnelle...) et pourrait en faire de nouvelles» mais «il n'y aura pas de catalogue de mesures», comme le candidat socialiste l'avait fait, lors de son premier grand meeting de campagne, au Bourget le 22 janvier.

«Villepinte, c'est le grand rassemblement de la famille de la droite et du centre. Nicolas Sarkozy donnera un cap pour les cinq prochaines années et exposera sa vision de la France en 2017», complète un de ses adjoints, Guillaume Peltier.

Ce discours, le candidat UMP le peaufine depuis des semaines avec son conseiller spécial Henri Guaino, le même qui avait su donner un souffle à sa longue allocution du 14 janvier 2007, point d'orgue de sa première campagne électorale.

Inventeur de l'expression «petit Français de sang mêlé» pour dépeindre un candidat aux origines multiples, française, hongroise et grecque, M. Guaino avait su faire chavirer les coeurs et les opinions. Nicolas Sarkozy avait ensuite été donné gagnant par tous les sondages face à sa rivale socialiste Ségolène Royal.

Comment retrouver cette magie quand il se représente devant les électeurs avec un bilan controversé ?

À son actif, il peut vanter des réformes approuvées par les Français - Grenelle de l'Environnement, service minimum dans les transports publics, RSA... - et un pouvoir d'achat qui a plus ou moins progressé chaque année, selon l'Insee, malgré les crises successives.

À son passif, il traîne comme autant de boulets ses «erreurs» de début de mandat, qui lui valent d'être qualifié de «président des riches» par ses adversaires politiques : dîner au Fouquet's le soir de sa victoire, vacances sur le yacht de son ami Vincent Bolloré.

Autre reproche fait par la gauche et jusque dans son propre camp : une politique fiscale favorable aux plus aisés.

Ses «écarts de langage» ont également amené certains à dire qu'il avait «abaissé la fonction présidentielle». Et, surtout, le chômage a fortement augmenté.

Qu'importe ! M. Sarkozy affiche son optimisme et sa détermination. Et s'il a réaffirmé qu'il se retirait de la vie politique en cas de défaite, c'est parce qu'il a voulu «parler sans langue de bois», explique le député UMP Eric Ciotti.

«Je m'engage totalement dans cette campagne. C'est la campagne qui va réserver les plus grandes surprises depuis des décennies», assure le président-candidat.