Juste avant un discours de Nicolas Sarkozy très à droite sur la justice et l'immigration, François Hollande, candidat PS à la présidentielle, a livré son credo samedi à Dijon sur son rôle de président de la République: «respect, considération, démocratie».

À 50 jours du scrutin, «il y a cet après-midi comme un parfum, le printemps qui vient qui annonce les victoires du mois de mai», a-t-il commencé, devant environ 10 000 personnes dont 1800 élus, au Zenith de Dijon dans la ville de son ami, le sénateur-maire François Rebsamen.

François Hollande a dit vouloir fonder sa présidence sur «le respect, la considération, la démocratie, le sens de l'État». Aux antipodes selon lui d'un Nicolas Sarkozy, dont il a fustigé sans le nommer la présidence: «Depuis cinq ans, nous vivons sous le règne de l'omniprésidence, il prétend décider de tout, partout».

«L'omnipotence conduit à l'impuissance (...). Cette impuissance engendre elle même l'irresponsabilité», a-t-il lancé, drapeau tricolore à son côté.

L'irresponsabilité, c'est «dire ce qui est dit n'est pas fait et où ce qui est fait n'est pas dit», où «l'échec est toujours mis sur le compte d'autrui».

Martine Aubry, patronne du PS, de nombreux présidents de région, et sa compagne Valérie Trierweiler étaient dans la salle entourés de militants.

François Hollande qui n'a «pas d'autre ambition que de servir (son) pays au nom de (ses) idées», a promis samedi que s'il était élu, «la seule loyauté» exigée des hauts fonctionnaires «sera celle à l'égard de l'État et non à l'égard du chef de l'État».

«Le premier ministre ne doit pas être un collaborateur, mais l'animateur d'une équipe (...). Les ministres ne seront pas des souffre-douleur, des faire-valoir, des prête-noms, ils seront les chefs de leur administration», a déclaré M. Hollande.

Il a promis d'être «indépendant des puissances de l'argent», et «de son propre parti». Il ne recevra pas à l'Elysée les parlementaires dont le rôle est d'être au Parlement». Allusion aux élus de la majorité reçus à l'Elysée par  Nicolas Sarkozy.

Tous les six mois, il promet une «évaluation» des résultats et chaque année, il vérifiera la confiance de l'Assemblée nationale à l'égard du gouvernement.

Le prochain président instaurera une «nouvelle instance de régulation de l'audiovisuel».

En pleine polémique autour des propos de Claude Guéant sur la viande halal et le vote des étrangers, M. Hollande a riposté sans jamais citer le ministre de l'Intérieur: «Une confrontation n'est pas faite pour détruire, elle est faite pour construire, elle n'est faite pas pour diviser, elle est faite pour dépasser», a-t-il lancé, très applaudi.

«Je n'ai pas été insensible à tous les compliments qui m'ont été faits par le camp d'en face (...) Mais je veille chaque jour à ne pas me laisser entraîner par la polémique, la surenchère. Les mots qui ont toujours un sens, doivent être maîtrisés».

«Soyons à la hauteur de ce qu'attendent les Français», a-t-il plaidé.

«Je ne me laisserai pas emporter par je ne sais quel dénigrement, dévaluation, par je ne sais quelle surenchère», a encore lancé M. Hollande.

Autre volet de son discours, la décentralisation dont on fête le 30ème anniversaire des lois Defferre. M. Hollande a salué les élus de la République. Il a réaffirmé vouloir un «nouvel acte de la décentralisation», avec une grande réforme structurelle, objet d'une loi «sur les territoires de la République» avant la fin de l'année, «pacte de confiance et de solidarité» Etat- collectivités». Il a annoncé notamment un Haut conseil des territoires.

Assurant avoir du «courage» «à foison», il a lancé: «Dans cette course, je n'ai qu'un seul objectif: la victoire de nos valeurs, mais surtout la victoire de la France».