Les déboires de la Grèce sont bien présents à l'esprit des Français et trouvent un large écho dans la campagne présidentielle en cours dans le pays.

Quelques heures après qu'Athènes et les autorités européennes eurent annoncé mardi la conclusion d'un plan de sauvetage d'une valeur de 230 milliards d'euros (305 milliards CAN), les députés français ont débattu à l'Assemblée nationale d'un traité européen qui entraînera la création d'un fond permanent de sauvetage pour la zone euro.

Il a été approuvé à l'issue d'un débat mouvementé au cours duquel les élus de la gauche se sont montrés divisés, suscitant les railleries de la droite au pouvoir.

Une vingtaine de députés socialistes ont voté contre la proposition alors que la direction de la formation avait appelé ses élus à s'abstenir.

Le premier ministre François Fillon a reproché à ses adversaires d'avoir commis une «faute historique» en agissant à l'encontre de «l'intérêt général» dans ce dossier.

Le nouveau fond, désigné comme le «mécanisme européen de stabilité», sera doté à terme de réserves de plus de 500 milliards d'euros (plus de 660 milliards CAN). Il doit servir à financer tout nouveau plan de sauvetage destiné à des pays de la zone euro.

Second traité

La gauche s'oppose au fait que l'aide ne pourra être versée qu'aux pays ayant ratifié un second traité qui interdit les déficits et prévoit l'imposition de sanctions économiques automatiques en cas de débordements budgétaires.

Le candidat socialiste François Hollande entend renégocier ce second traité s'il est élu de manière à y introduire des «engagements forts en faveur de la croissance».

«Voter non donnerait le sentiment que nous refusons la solidarité. Voter oui, le sentiment que rien ne peut changer. Nous votons donc l'abstention», a expliqué le chef des députés socialistes à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault.

Le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, avait multiplié les interventions dans les jours précédant le vote pour dénoncer les modalités d'utilisation du fonds. Elles visent, selon lui, à imposer à tous les États en besoin «la méthode d'assistance cruelle qui a été imposée à la Grèce». Le politicien d'extrême gauche a reproché aux socialistes de manquer de courage en choisissant l'abstention plutôt que le rejet.

Les écologistes ont aussi fustigé les modalités du nouveau fond de sauvetage, dans lequel la France doit injecter à moyen terme 16 milliards d'euros (21 milliards CAN) si le Sénat l'approuve à son tour la semaine prochaine.

La candidate des Verts, Éva Joly, prévient que les difficultés rencontrées par la population grecque sont «un prélude de ce qui pourrait se passer en France» si les partisans des mesures d'austérité tous azimuts ont le dernier mot à l'échelle européenne.

Un sondage paru dimanche dans le journal Sud Ouest indique que près de 50% de la population pense que la France pourrait connaître la même situation que la Grèce dans un avenir rapproché.