Les Haïtiens devaient se rendre aux urnes dimanche pour le deuxième tour de l'élection présidentielle qui doit départager le chanteur Michel Martelly et l'intellectuelle Mirlande Manigat.

Plus de trois mois après un premier tour qui a failli être annulé en raison de fraudes, ce deuxième tour risque de se dérouler dans une certaine confusion après le retour triomphal vendredi en Haïti de l'ancien président Jean Aristide, qui inquiète les Occidentaux.

Ce retour introduit une inconnue supplémentaire dans l'équation déjà complexe de la politique haïtienne, nombre de partisans de M. Aristide risquant de bouder les urnes.

L'autre inconnue demeure la participation des quelque 800 000 Haïtiens vivant toujours dans des camps de fortune après le tremblement de terre qui a ravagé la capitale et sa province le 12 janvier 2010.

Également rentré en Haïti dans l'entre-deux tour après 25 ans d'exil en France, l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier avait déjà compliqué le jeu politique. Il est poursuivi par la justice haïtienne pour corruption et visé par plusieurs plaintes pour crimes contre l'humanité.

Selon un dernier sondage publié jeudi, Michel Martelly, populiste de droite mieux connu sous son nom d'artiste de «Sweet Micky», l'emporterait dimanche avec 53,4% des suffrages, contre 46,6% seulement à Mme Manigat.

L'ancienne Première dame âgée de 70 ans n'a pas pu prononcer vendredi soir son dernier discours de campagne en raison d'une panne d'électricité lors de son dernier rassemblement électoral à Port-au-Prince.

La participation est notoirement faible en Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques, et rend tout pronostic très difficile: à peine 23% des électeurs inscrits s'étaient déplacés lors du premier tour, le 28 novembre, pour départager les 18 candidats initiaux.

Dans un pays sans armée et contrôlé par les Casques bleus de l'ONU, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a espéré samedi que le scrutin se déroule «dans une atmosphère calme et pacifique».

Les résultats préliminaires seront annoncés le 31 mars et les résultats définitifs le 16 avril. Les quelque 4,7 millions d'électeurs doivent aussi désigner dimanche leurs sénateurs et députés.

Les résultats du premier tour annoncés début décembre avaient donné lieu à des violences qui ont fait plusieurs morts.