À un peu plus de deux semaines du second tour du scrutin en Haïti, la candidate à la présidence, Mirlande Manigat, affirme qu'elle se réjouira d'un taux de participation de 50%.

«Une des hypothèques, c'est la participation. Et je peux m'exprimer en tant que citoyenne et en tant que politologue, et pas nécessairement en tant que candidate, en disant que si nous atteignons les 50% de votants, je pense que ce sera un pas positif», a-t-elle jugé.

«Je ne crois pas que les Haïtiens auront peur d'aller voter. Je pense que peut-être ils ne seront pas motivés pour aller voter», a-t-elle ajouté.

Mme Manigat, qui fera face à Michel Martelly pour ce second tour des présidentielles haïtiennes, le 20 mars, se trouve à Montréal, vendredi et samedi, pour rencontrer les Haïtiens de la diaspora. Elle les a d'ailleurs invités à convaincre leurs amis, les membres de leur famille et leurs proches qui ont le droit de vote en Haïti à exercer ce droit et à voter, bien sûr, en sa faveur.

Au cours d'une rencontre avec la presse vendredi dans un restaurant de Montréal, Mme Manigat a dit souhaiter que deux anciens présidents haïtiens, Jean-Bertrand Aristide et Jean-Claude Duvalier, sachent se faire discrets à l'occasion de ce second tour.

«En tant que citoyenne, je pense que la présence simultanée des deux ex-présidents qui ont laissé des souvenirs tout à fait différents dans la mémoire collective, leur présence risquerait de provoquer quelque agitation, non pas de l'agitation mais disons au moins une sorte d'effervescence. Alors qu'étant donné la délicatesse des élections qui s'annoncent, je pense que le pays a besoin de calme et de sérénité», a opiné Mme Manigat.

Elle admet que la machine électorale ne lui inspire guère confiance, vu les incidents qui ont eu lieu lors du premier tour.

Michel Martelly

Face à son adversaire Michel Martelly, elle tient des propos nuancés. Ainsi, elle dit faire preuve d'ouverture face à son camp.

«À priori, je n'exclus personne. Nous n'avons pas dans notre camp le monopole de la compétence. Les compétences se trouvent aussi dans le camp de Michel Martelly.»

Mais elle ne semble pas très ouverte à intégrer M. Martelly dans son équipe, si elle est élue le 20 mars. «Je ne vois pas quel poste ministériel je pourrais donner à monsieur Martelly», a-t-elle répondu.

Elle continue de penser que l'avenir d'Haïti passe par l'aide internationale, mais croit qu'Haïti devra faire ses preuves pour que cette aide soit finalement versée et serve aux fins pour lesquelles elle a été prévue.

«Nous devons compter sur l'aide internationale; nous en avons besoin. Mais je pense qu'il nous faut essayer de mobiliser déjà, si petite soit-elle, une capacité d'auto-financement national par l'introduction, dans nos pratiques de gouvernance, d'un peu plus de sérieux, d'un peu plus de méthode et d'un peu plus d'intégrité. Nous avons un État qui fonctionne mal, qui est un peu prédateur et qui ne contrôle rien du tout. Et le peu de ressources que nous avons est mal utilisé», a conclu la candidate.