Des Casques Bleus de la mission de l'ONU en Haïti se sont déployés mercredi dans la journée à Port-au-Prince et dans plusieurs villes du pays en prévision de l'annonce, prévue tard dans la soirée, des résultats définitifs du premier tour contesté de la présidentielle.

Les résultats devraient être annoncés tard mercredi soir au siège du Conseil électoral provisoire (CEP), qui pilote les opérations de vote.

Dans des rues de Port-au-Prince mercredi après-midi, des véhicules de l'ONU étaient visibles, et les banques privées et des institutions commerciales avaient fermé plus tôt que d'habitude. Des habitants s'empressaient d'acheter produits alimentaires et eau.

«On a des gens déployés dans des endroits stratégiques de la capitale et dans les régions, dans l'attente des résultats», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police de la Mission de l'ONU pour la stabilisation d'Haïti (Minustah), Jean-François Vézina.

Haïti est plongé dans une grave crise politique depuis la publication début décembre des résultats provisoires du 1er tour du scrutin du 28 novembre, selon lesquels l'ancienne Première dame Mirlande Manigat et le candidat du pouvoir Jude Célestin sont qualifiés pour le 2e tour désormais prévu le 20 mars.

Ces résultats avaient provoqué des violences de la part des partisans du candidat arrivé troisième, le chanteur Michel Martelly.

«On a travaillé toute la nuit et continuons de travailler ce matin, mais on n'est pas encore prêts. On fait de notre mieux pour respecter la date (officielle du 2 février). La volonté et la disponibilité sont là», a assuré le conseiller électoral Jacques Belzin.

Les Haïtiens étaient ainsi suspendus au verdict du CEP et à la possibilité qu'il suive les recommandations de l'Organisation des Etats américains (OEA) en annonçant un 2e tour sans Jude Célestin, opposant M. Martelly et Mme Manigat.

Inité, le parti au pouvoir, a pris la décision la semaine dernière d'écarter son candidat de la course, mais Jude Célestin n'a pas confirmé lui-même son retrait.

Mardi, des partis d'opposition et des organisations de la société civile ont demandé l'annulation du scrutin et la mise en place d'un «gouvernement provisoire» le 7 février, date à laquelle le mandat du président sortant René Préval arrive à échéance.

Le chef de l'Etat a déjà annoncé qu'il resterait au-delà de cette date pour permettre au processus électoral d'aboutir.

Le retour le 16 janvier en Haïti de l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier, après 25 ans d'exil, a plongé encore un peu plus le pays dans la crise.

Dans un entretien télévisé, M. Duvalier a assuré être revenu pour aider à la reconstruction du pays après le séisme du 12 janvier 2010 qui a fait 220.000 morts.

Il s'est, au passage, targué d'avoir «lancé» le processus démocratique en Haïti. «Lorsque l'on me traite de tyran, ça me fait rire, parce que les gens souffrent d'amnésie», a dit M. Duvalier, qui fait l'objet de plaintes pour crimes contre l'humanité.

Ajoutant à la confusion, le gouvernement haïtien s'est dit prêt lundi à accorder un passeport à l'ancien président Jean-Bertrand Aristide, exilé en Afrique du Sud après avoir été chassé du pouvoir par une insurrection armée en 2004.