De passage au Delaware pour faire campagne aux côtés des candidats de son parti aux élections de mi-mandat dans l'État où il a grandi, Joe Biden a partagé hier avec les membres de son auditoire une leçon de son père qui pourrait servir aux démocrates après le dépouillement des votes ce soir.

«Mon père avait l'habitude de me dire: «Fiston, quand on t'envoie au tapis, tu te relèves. Tu te relèves, c'est tout»», s'est souvenu le vice-président américain en s'adressant à quelque 200 personnes réunies dans un parc de Wilmington, plus grande ville du Delaware, à la fin d'une fraîche journée d'automne.

À moins d'une surprise monumentale, les républicains enverront au tapis les démocrates à l'occasion d'un scrutin qui devrait leur permettre de reconquérir la majorité à la Chambre des représentants. Il reste à voir si Barack Obama et ses alliés politiques sauront se relever d'une défaite qui ne manquera pas d'être interprétée par leurs adversaires et plusieurs pontes de l'information comme une répudiation de leurs programmes.

Malgré ce revers qui s'annonce cuisant, les démocrates pourraient être en mesure de se consoler à l'idée de rester maîtres au Sénat, l'autre chambre du Congrès, où leur majorité sera néanmoins considérablement réduite. Le sénateur du Texas John Cornyn, qui mène la campagne républicaine, a reconnu cette possibilité hier.

«Je pense que nous ne prendrons pas la majorité, mais nous passerons tout près et puis nous finirons le boulot en 2012», a-t-il dit en faisant allusion aux prochaines élections américaines.

L'élection sénatoriale du Delaware explique en partie pourquoi le Parti républicain pourrait être le premier depuis 1930 à reconquérir la majorité à la Chambre des représentants à l'occasion des élections de mi-mandat sans également enlever la majorité au Sénat.

Tout indique que les républicains auraient gagné facilement l'ancien siège au Sénat de Joe Biden si le Tea Party ne s'était pas mêlé de choisir Christine O'Donnell comme candidate du parti. Or, face à cette femme de 41 ans qui est devenue la risée des médias nationaux et internationaux avec ses allusions passées à la sorcellerie et à la masturbation, le candidat démocrate Chris Coons remportera la victoire, si on se fie aux plus récents sondages.

«Le Delaware a atteint les plus bas fonds du débat politique au cours de cette campagne», a déploré Laurie Gelb, électrice de 51 ans, avant le début du rassemblement démocrate de Wilmington. «Christine O'Donnell a dépensé beaucoup d'argent en publicités pour nous dire qu'elle n'était pas une sorcière, ce que nous savions déjà. Nous n'avons pas eu le débat d'idées que nous méritions.»

La campagne de Christine O'Donnell a pris fin dans une certaine confusion hier. La candidate républicaine devait diffuser à six reprises une pub de 30 minutes sur une chaîne de télévision locale. Or, les deux premières diffusions, qui devaient avoir lieu dimanche soir et hier matin, n'ont pas eu lieu. De telle sorte que la favorite du Tea Party a publié sur son compte Twitter un message demandant si elle n'avait pas été victime d'un «sale tour». Tout est cependant rentré dans l'ordre hier après-midi.

La veille, Christine O'Donnell a participé à un rassemblement à Wilmington organisé par le Tea Party Express. Elle n'a pas manqué de faire allusion à la visite de Joe Biden prévue pour le lendemain.

«Ils doivent être nerveux pour avoir pensé à envoyer le vice-président ici», a-t-elle dit.

Nerveux, les démocrates le sont sans doute, mais pas pour cette raison.