Une défaite des démocrates aux élections de mi-mandat de mardi devrait conduire le président Barack Obama à repenser sa stratégie, mais ne serait pas forcément de mauvais augure pour ses chances à la présidentielle en 2012, notent des analystes.

Alors que sondeurs et experts s'accordent dans leur ensemble à prédire une défaite des alliés du président, avec perte d'au moins la Chambre des représentants à la clé, se pose la question de savoir si M. Obama restera dans l'histoire comme le président d'un seul mandat présidentiel.

«Les semaines et les mois après l'élection mettront le président Obama à l'épreuve», prévient William Galston, de l'institut Brookings. «Il va falloir qu'il se livre à une introspection et qu'il analyse la situation».

L'histoire récente a montré que les présidents américains peuvent «rebondir», même après une défaite aux élections de mi-mandat, et que prédire les résultats d'une élection deux ans auparavant constitue un exercice à haut risque.

«Les gens avaient tiré un trait sur les républicains après l'élection de 2008, et regardez où ils en sont aujourd'hui», observe Tom Baldino, professeur de sciences politiques à l'université de Wilkes (Pennsylvanie). Pour lui, «il est très prématuré de passer les démocrates par pertes et profits après les élections de 2010».

Les partisans de M. Obama se souviennent aussi que le président républicain Ronald Reagan avait essuyé une défaite aux élections de 1982, avant d'être triomphalement reconduit deux ans plus tard. Bill Clinton avait lui aussi obtenu un second mandat en 1996, deux ans après avoir perdu la majorité au Congrès.

Pour rester à la Maison-Blanche jusqu'en 2016, M. Obama va devoir repenser sa stratégie et prouver qu'il est capable d'habileté politique. Il aura sans doute besoin d'un coup de pouce de l'économie, tant son destin semble lié au chômage qui ne décroît toujours pas et nourrit le ressentiment populaire.

L'un des enjeux électoraux de 2012 sera pour lui de réussir à reprendre pied chez les électeurs indépendants qui lui avaient donné les clés de sa victoire en 2008 mais semblent avoir en partie fait défection chez les républicains cette année.

À ce titre, M. Obama a exprimé récemment sa volonté, entre deux diatribes électorales anti-républicaines, d'essayer de travailler main dans la main avec ses adversaires, une promesse de 2008 qui ne s'est jusqu'ici pas concrétisée.

«J'espère qu'après les élections, quels que soient ses résultats, le parti républicain reconnaîtra qu'il ne peut pas rester sur le banc de touche et doit participer pour essayer de trouver une solution aux problèmes qui affectent les États-Unis de longue date», a plaidé le président la semaine dernière.

Mais M. Obama possède aussi l'avantage de maîtriser l'agenda. Malgré l'effritement de sa cote, il reste le plus populaire de tous les hommes politiques américains, tandis que les républicains du Congrès ne bénéficient de la confiance que de 31% des Américains interrogés, selon un récent sondage.

Le président pourra aussi bénéficier d'avoir enfin un adversaire contre lequel se positionner, une fois que les républicains auront entamé leur processus de désignation pour la présidentielle.

Et la montée en puissance du «Tea Party», mouvement populiste ultra-conservateur, pourrait rendre plus difficile aux républicains de garder les voix des électeurs modérés.

En vue de 2012, «les républicains seront-ils capables de trouver un candidat conservateur qui pourra être élu?», se demande ainsi Andrew Dowdle, de l'université de l'Arkansas.