Le milliardaire juif américain Sheldon Adelson, un des principaux soutiens du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, a versé plusieurs millions de dollars à des organismes républicains très engagés contre le président Barack Obama, selon le quotidien Haaretz.

Le magnat de Las Vegas a fait don en 2009 d'un million de dollars à une organisation militant en faveur de candidats républicains lors d'élections de gouverneurs, et cette année de 500 000 dollars pour la cause républicaine, révèle vendredi le journal israélien de gauche.

En 2008, M. Adelson avait contribué à la campagne présidentielle de John McCain, le candidat républicain opposé au démocrate Barack Obama, à hauteur de cinq millions de dollars, ajoute le Haaretz.

Sheldon Adelson, de nationalité américaine, figure parmi les principaux donateurs du Parti républicain et a en particulier fait bénéficier de sa générosité Newt Gingrich, figure de proue du camp conservateur et ancien président de la Chambre des représentants, précise le quotidien.

«Cela fait naturellement partie du jeu américain. Ce qui est moins naturel, en revanche, c'est que l'un des plus grands opposants au président (américain) soit l'un des meilleurs amis du premier ministre israélien», s'inquiète le Haaretz dans sa page éditoriale.

«Dans le passé, les premiers ministres savaient comment manoeuvrer entre l'administration et le Congrès. Avant des élections, il est même arrivé que certains se prononcent publiquement en faveur du président en place en quête d'un second mandat. Mais Nétanyahou crée un précédent: il est le seul à sembler souhaiter la défaite du président (américain) lors d'élections législatives», analyse le journaliste.

«Il est évident qu'il désire ardemment une domination républicaine sur la Chambre des représentants», souligne-t-il.

Promoteur immobilier et propriétaire de casinos, M. Adelson, dont la fortune est estimée à plus de 26 milliards de dollars, a lancé en 2007 le quotidien gratuit Israël Hayom, un tabloïde qui tire à plus de 200 000 exemplaires avec l'objectif affirmé de soutenir Benyamin Nétanyahou, le chef de la droite israélienne. Israël Hayom est devenu le deuxième tirage de la presse quotidienne derrière le Yediot Aharanot.

Ce dernier dresse par ailleurs un tableau des plus sombres des relations entre le gouvernement Nétanyahou et l'administration Obama.

Sous le titre La fête est finie, le populaire quotidien  assure que le refus du premier ministre de prolonger, ne fût-ce que de deux mois, le moratoire sur la colonisation en Cisjordanie, comme le réclamait Washington, a «exaspéré» l'administration américaine.

Selon le Yediot, le président Obama «attend le résultat des élections à la Chambre des représentants pour laisser éclater sa colère».

À la veille de la présidentielle américaine de novembre 2008, des dirigeants du Likoud, le parti de Nétanyahou alors dans l'opposition, n'avaient pas caché leurs réserves envers M. Obama, faisant en revanche l'éloge de son rival républicain John McCain.