Kirsten qui? c'est la question que plusieurs New-Yorkais se sont posée après que leur gouverneur, david Paterson, eut désigné Kirsten Gillibrand, représentante démocrate peu connue, pour occuper le siège au sénat laissé vacant par hillary clinton. deux ans plus tard, la sénatrice de 43 ans orne les pages du Vogue et vogue vers une victoire facile aux élections de mi-mandat.

Au dire de Harry Reid, chef de la majorité démocrate du Sénat américain, elle est la «plus hot» des membres de cette auguste institution. Michael Bloomberg, maire de New York, s'est montré un peu plus circonspect avant-hier, se contentant de qualifier de «resplendissante» son apparence lors d'une soirée mondaine ayant eu lieu la veille.

Les commentaires de ces hommes sur le look de Kirsten Gillibrand seraient sans doute injustifiables si la sénatrice de New York n'avait pas posé pour le magazine de mode Vogue, qui publie dans son numéro courant plusieurs photos glamoureuses d'elle avec un reportage à l'avenant intitulé «Sur les traces d'Hillary». De toute évidence, cette mère de deux jeunes enfants est fière de montrer les résultats d'un régime qui lui a fait perdre une vingtaine de kilos depuis janvier 2009.

Mais Kirsten Gillibrand ne fait pas seulement tourner les têtes à cause de sa nouvelle silhouette. Elle en impose également par la force de ses appuis dans un État où les républicains ont déjà cru à sa vulnérabilité. Selon un sondage publié hier par le Sienna College, elle jouit d'une avance de 29 points sur son rival républicain, Joseph DioGuardi, un comptable agréé qui a déjà siégé comme elle à la Chambre des représentants.

Comment expliquer le succès de cette politicienne jadis obscure qui représentait une circonscription rurale du nord de New York avant d'être promue au Sénat?

«Elle est une personne incroyablement chanceuse», a répondu hier Steven Greenberg, responsable des sondages au Sienna College, lors d'un entretien téléphonique. «Premièrement, elle a été choisie pour siéger au Sénat tout juste au moment où elle entamait son deuxième mandat à la Chambre. Deuzio, Charles Schumer (l'autre sénateur de New York) et Barack Obama ont fait en sorte qu'elle n'ait pas d'opposition pour l'investiture démocrate. Et troisièmement, malgré le fait qu'ils aient parlé de leur intention de la détrôner, les républicains n'ont pas réussi à désigner un candidat connu ou vraiment crédible pour lui faire face.»

Il n'en reste pas moins que 51% des New-Yorkais ont aujourd'hui une opinion favorable de Kirsten Gillibrand, un taux non négligeable à une époque de mécontentement généralisé. La sénatrice doit ses appuis en partie à des positions qui ont considérablement changé depuis qu'elle ne représente plus seulement une circonscription rurale et plutôt conservatrice de New York, mais l'ensemble de l'État.

Elle a ainsi donné son appui à des mesures restreignant le port d'armes et voté en faveur de la fin du tabou homosexuel dans l'armée américaine.

«Sur plusieurs questions, c'était une affaire d'apprentissage et de conscientisation», a-t-elle déjà dit pour expliquer une évolution politique que certains ont attribuée à une féroce ambition.