Piliers traditionnels du parti démocrate, les juifs américains ont des états d'âme à l'approche des élections législatives du 2 novembre, certains reprochant à Barack Obama sa position vis-à-vis d'Israël.

Si les démocrates se montrent incapables de mobiliser leurs électeurs de base, en particulier les Noirs, les jeunes et les juifs, les républicains pourraient remporter plusieurs sièges de gouverneurs d'États et obtenir la majorité dans au moins une des deux chambres du Congrès.

La popularité du président américain a nettement baissé parmi l'électorat juif. Un récent sondage réalisé pour le journal Cleveland Jewish News montre que 51% des juifs américains approuvent l'action de M. Obama, contre 44% qui la désapprouvent. Ils étaient 57% à l'approuver en mars et 79% en mai 2009.

Les juifs ne représentent que 2% de l'électorat américain, mais leur militantisme et leur participation financière généreuse à la vie politique leur donnent un poids important.

Or, «Obama est perçu, à tort ou à raison, comme soutenant moins Israël que ses prédécesseurs», note Ira Sheskin, de l'Université de Miami.

Les critiques du président américain à l'encontre de la politique menée par Israël au sujet des colonies en Cisjordanie ont provoqué l'ire de certains juifs américains, en particulier les soutiens indéfectibles d'Israël et ceux qui affichent une certaine méfiance face à un président afro-américain ayant un prénom à consonance arabe.

«Obama n'est pas exactement le meilleur ami d'Israël, mais le parti républicain a tellement viré à droite que c'est tout aussi déconcertant pour les juifs comme moi», avoue Michael Koretzky, un écrivain vivant à Hollywood, au nord de Miami. «Je pense que beaucoup d'Américains pro-israéliens penchent vers les républicains traditionnels».

Certains analystes soulignent que, bien que le mouvement ultraconservateur Tea Party ne soit guère populaire auprès des juifs, il a pu les influencer dans une certaine mesure, y compris en répandant des rumeurs (démenties) sur la religion de M. Obama.

«Je pense qu'Obama est musulman», déclare Jeff Greenman, 55 ans, qui travaille dans le tourisme, vote républicain et fréquente la synagogue de Boca Raton. Pour lui, de toute façon, «les républicains sont plus pro-israéliens que les démocrates».

En plus de ces considérations, souligne Ira Sheskin, le vote des électeurs juifs sera cette année, «comme celui de l'ensemble des Américains, influencé par les prises de position des candidats sur les sujets de société, en particulier l'avortement et les droits des homosexuels, et surtout sur les problèmes économiques».

Plus de 600 000 juifs vivent dans le sud de la Floride, qui abrite la deuxième communauté juive américaine après New York.

Cet État affichait en août un taux de chômage élevé (11,7%), supérieur à la moyenne nationale. Et les conséquences de l'explosion de la bulle immobilière y ont été -et restent- plus durement ressenties que dans d'autres parties du pays.

Les juifs de Floride pourraient suivre l'exemple de Robert Wrexler, un ancien parlementaire démocrate très influent au sein de cette communauté qui vient d'annoncer son soutien dans la course sénatoriale à Charlie Crist, gouverneur républicain sortant qui a choisi de se présenter comme indépendant.

M. Crist est distancé dans les sondages par un candidat beaucoup plus conservateur, Marco Rubio. «Rubio serait une catastrophe», estime Sari Bloom, une secrétaire de 45 ans qui soutiendra Charlie Crist car il est «la meilleure chose que puisse espérer un juif démocrate».