Les Afro-Américains sont décidés à prendre part aux législatives de novembre selon les sondages, or une forte mobilisation de cet électorat pourrait bouleverser les prédictions défavorables au parti démocrate, estiment des experts.

«S'il y a une forte mobilisation des Noirs, ce qui ne me surprendrait pas du tout, je pense que le coup porté aux démocrates serait moins rude que prévu actuellement», a indiqué à l'AFP David Bositis, politologue au Joint Center for Political and Economic Studies (JCPES).

L'ensemble des 435 sièges de la Chambre des représentants, le tiers des 100 fauteuils du Sénat et 37 postes de gouverneurs sur 50 sont en jeu lors du scrutin du 2 novembre. Les démocrates détiennent actuellement la majorité dans les deux chambres du Congrès.

De nombreux experts estiment que le scrutin risque de coûter au parti du président Barack Obama sa majorité à la Chambre, les républicains n'ayant que 39 sièges à gagner pour reprendre la main.

Mais, a prévenu M. Bositis, «dans 20 des circonscriptions où l'élection est serrée, il y a un nombre important d'Afro-Américains, et ils peuvent faire une sacrée différence».

Ils peuvent «aider les démocrates à minimiser leurs pertes, et (...) potentiellement conserver la Chambre des représentants», a poursuivi l'expert.

L'électorat noir, qui a participé massivement en 2008 à l'élection triomphale du premier président noir des États-Unis, représente environ 12% de la population américaine et constitue un pilier du camp démocrate.

En 2008, leur participation était proche des 66%, pratiquement autant que l'électorat blanc, traditionnellement plus mobilisé.

Sachant que cet électorat est souvent peu intéressé par les scrutins de mi-mandat, le parti démocrate a consacré la somme record de trois millions de dollars en publicité dans des médias afro-américains pour les motiver à se déplacer le 2 novembre.

Mais le camp républicain, en présentant 14 candidats noirs pour les élections au Congrès, a lui aussi lancé une offensive de charme envers cet électorat.

Barack Obama, qui fait l'objet d'attaques tous azimuts de la part du camp républicain, pour sa réforme de la santé ou sa gestion de la crise économique, reste extrêmement populaire auprès des Noirs américains.

«Les Afro-Américains sont gonflés à bloc et il serait inconscient de la part d'Obama et du parti démocrate de ne pas tout faire pour gagner leur vote», a dit M. Bositis.

Selon un sondage publié vendredi et réalisé par le Washington Post, la fondation Henry Kaiser Family et l'Université de Harvard, 80% des démocrates noirs se disent intéressés ou plus intéressés par ces élections de mi-mandat que par l'élection présidentielle de 2008.

Pour le démographe Ruy Teixeira, expert à la fondation Century et au Center for American Progress, la mobilisation des Noirs pourrait toutefois ne pas suffire aux démocrates car elle «interviendrait dans le contexte probable d'une mobilisation exceptionnelle des blancs conservateurs», alors que le mouvement de l'ultra-droite des «Tea Party» est en plein essor.