L'Église catholique a commencé la préparation d'un centre de cyberapprentissage (e-learning) pour diffuser les meilleurs moyens de lutte contre la pédophilie auprès de tous les évêques et responsables religieux des 2700 diocèses de la planète.

«Nous voulons montrer les méthodes expérimentées dans certaines parties du monde, ce qu'on appelle en anglais les "best practices"», a expliqué à l'AFP le père jésuite Hans Zollner, directeur à Rome de l'Institut de psychologie de la prestigieuse université grégorienne, un des maîtres d'oeuvre du projet.

Le centre pastoral de cyberapprentissage sera ouvert sur internet à l'issue d'une conférence, qui rassemblera en février 2012 quelque 200 experts, responsables de conférences épiscopales et de congrégations.

Le but est de responsabiliser les clercs, selon les consignes de Benoît XVI, afin que les victimes soient écoutées et assistées, et les coupables poursuivis.

La conférence sera «un pas, ni le premier ni le dernier, sur un chemin douloureux et long» pour l'Église catholique», et le centre de cyberapprentissage en sera le prolongement, explique le Vatican.

En cinq langues --anglais, français, allemand, italien, espagnol--, il est prévu pour trois ans, plus si des financements sont trouvés.

Ce système de formation, a expliqué le père Zollner, «mettra à disposition les plus récentes recherches, la jurisprudence de l'Église, et permettra aussi qu'il y ait un retour des différents pays avec leurs différentes cultures».

Alors que le scandale de la pédophilie reste d'une actualité brûlante dans les Églises d'Amérique du Nord et d'Europe, la prise de conscience est désormais complète en Amérique Latine. Elle fait son chemin en Asie dont les évêques organiseront une réunion sur le sujet à Bangkok en novembre, a-t-il expliqué.

En Afrique, des évêques voudraient aussi agir, même si d'autres problèmes multiples ont souvent priorité.

Selon Mgr Klaus Peter Franzl, directeur financier du diocèse de Munich, le site sera alimenté notamment par les recherches du centre de psychiatrie infantile et adolescente de l'Université de Ulm (sud de l'Allemagne).

«Pour les responsables de l'Église, les bénéfices majeurs d'un centre de cyberapprentissage sont d'avoir un instrument applicable tout le temps et partout», avec une possibilité d'«adapter» les modules «pour leurs propres besoins dans leurs régions», a déclaré Hubert Liebhardt, du centre de Ulm.

L'Église cherche désormais à réagir à un scandale qui a brisé l'équilibre de milliers d'existences, conduisant à des suicides, des dépressions et aussi au passage à l'acte pédophile d'anciennes victimes de prêtres.

Le pape avait reconnu en 2010 que le mal était dans l'Église, même si d'autres institutions étaient touchées.

Les ONG d'anciennes victimes reprochent aux évêques et au Vatican d'avoir longtemps fermé les yeux et protégé des prêtres pédophiles, parfois en les mutant.

En mai 2012, toutes les conférences épiscopales devront avoir finalisé, en fonction des législations nationales, leurs dispositifs antipédophiles.

Mais la riposte n'est pas aisée quand «l'Église parle pour des gens de quelque 200 pays, où le droit est très variable», a observé le père Zollner en notant par exemple qu'en France, il y a une obligation de dénonciation qui n'existe pas en Allemagne ou en Italie.