Le pape Benoît XVI a entamé jeudi à Edimbourg une visite de quatre jours au Royaume-Uni en reconnaissant que l'Église n'avait «pas été assez vigilante» dans les scandales des prêtres pédophiles qui ont jeté une ombre sur son déplacement en terre anglicane.

«L'autorité de l'Église n'a pas été assez vigilante», a déclaré le souverain pontife à un groupe de journalistes dans l'avion qui le menait en Ecosse. L'Église n'a «pas été suffisamment rapide et ferme pour prendre les mesures nécessaires», a-t-il ajouté.

La publication en novembre 2009 en Irlande d'un rapport révélant des centaines de sévices sexuels sur des enfants commis par des prêtres couverts par la hiérarchie a entraîné la plus grave crise de l'Église ces dernières années. Des scandales similaires ont surgi, notamment en Allemagne et en Belgique, où des centaines d'autres cas ont été mis au jour.

«Ces révélations ont été pour moi un choc et une grande tristesse», a déclaré le pape, soulignant la nécessité d'«infliger aux personnes coupables la juste peine».

Le pape a été accueilli à l'aéroport d'Edimbourg à 09H20 GMT au son des cornemuses par le prince Philip, duc d'Edimbourg, avant d'être reçu à Holyroodhouse, palais écossais de la reine Elizabeth II, chef de l'Église anglicane âgée de 84 ans, soit un an de plus que le chef de l'Église catholique. La rencontre s'est déroulée dans un climat «amical, joyeux et cordial», a déclaré le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.

Peu après, le souverain pontife, un tartan écossais sur les épaules, a défilé en «papamobile» dans les rues d'Edimbourg. Parmi une foule évaluée à 125.000 personnes par la police, quelques manifestants avaient pris place, dont un brandissant une pancarte appelant «à ne pas protéger les prêtres pédophiles».

«Il est malhonnête de dire que l'autorité de l'Église a été lente et a manqué de vigilance», a souligné Joelle Casteix, une membre du réseau international des victimes d'abus de la part de prêtres (SNAP). «Au contraire, elle a été rapide et vigilante, mais pour cacher et non pour prévenir ces horreurs», a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Parmi les opposants à la visite papale, une soixantaine de fidèles avaient été réunis à Edimbourg par le révérend Ian Paisley, figure historique du protestantisme radical en Irlande du Nord. «Je ne veux pas de sa bénédiction... Pourquoi? Parce que tout ça, c'est n'importe quoi», a-t-il dit.

Le souverain pontife devra déployer toute son adresse pour dissiper les malentendus au cours de son déplacement, notamment après les propos explosifs --aussitôt minimisés par le Vatican-- d'un cardinal allemand qualifiant le Royaume-Uni de «pays du tiers-monde».

Plusieurs manifestations sont annoncées, notamment samedi à Londres. Le pape a cependant dit à ce propos qu'il n'était «pas inquiet».

Plusieurs dizaines de milliers de pèlerins ont gagné dans l'après-midi Glasgow, pour assister à une messe en plein air du souverain pontife.

La journée de vendredi à Londres sera consacrée à des rencontres avec les autorités anglicanes pour accélérer le rapprochement entre les deux Églises, près de cinq siècles après le schisme.

Samedi matin, il présidera une veillée de prières à Hyde Park et célébrera dimanche à Birmingham une messe de béatification du cardinal John Henry Newman, anglican converti au catholicisme au XIXe siècle.

Il en coûtera trente euros aux fidèles qui voudront participer à cette grand-messe, une «contribution financière» demandée par l'Église catholique locale afin d'apaiser la polémique sur le coût engendré par le déplacement (plus de vingt millions d'euros).

La visite de Benoît XVI est la première visite d'État d'un pape au Royaume-Uni. Elle suit de 28 ans la visite du pape Jean Paul II en 1982, qui n'avait été qu'une «visite pastorale» (de moindre importance, selon le protocole).