La carrière de l'évêque allemand controversé Walter Mixa a pris fin samedi, le pape Benoît XVI acceptant sa démission à la suite d'accusations de violences sur des enfants, tandis qu'un soupçon d'abus sexuel est venu s'ajouter à l'encontre du prélat.

Le pape, qui l'avait lui-même nommé en 2005 à ce poste, a accepté de démettre de ses fonctions l'évêque d'Augsbourg (sud), accusé d'avoir frappé des élèves d'un orphelinat catholique à Schrobenhausen (sud) de 1975 à 1996, alors qu'il était prêtre dans cette commune.

Avec cette mise à la retraite anticipée, avant l'âge légal de 75 ans, Mgr Mixa, 69 ans, perd aussi son poste de «Vicaire aux armées pour la République d'Allemagne».

La pression sur l'évêque comme sur l'Eglise catholique s'était dernièrement accrue avec l'annonce vendredi par le parquet d'Ingolstadt (sud) d'une enquête préliminaire visant Mgr Mixa, soupçonné cette fois d'abus sexuel sur un mineur.

L'hebdomadaire allemand Focus affirme samedi que Benoît XVI était au courant de ce reproche d'abus sexuel visant Mgr Mixa, avant sa demande de démission.

Selon le quotidien local Augsburger Allgemeine, l'enquête a été déclenchée après un signalement de l'Eglise au parquet et concerne des soupçons d'abus sur un jeune homme, mineur au moment des faits, lorsque Mgr Mixa était évêque d'Eichstätt, en Bavière, entre 1996 et 2005.

L'avocat de Mgr Mixa, Gerhard Decker, cité dans le journal, a assuré que le prélat, qui s'est retiré en Suisse, «rejette catégoriquement» les accusations.

Fin avril, Mgr Mixa avait présenté sa démission après avoir perdu le soutien de l'Eglise catholique allemande et sous la pression d'une opinion publique sous le choc de révélations en série d'anciens abus sexuels commis par des religieux.

Il avait d'abord nié avoir commis tout acte de violence sur des enfants avant d'admettre avoir distribué «une ou deux gifles il y a 20 ou 30 ans», à une époque où «c'était complètement normal».

«La décision rapide du pape crée la clarté nécessaire. Elle donne à toutes les parties prenantes la chance d'un renouveau», a réagi l'épiscopat allemand alors que «la perte de crédibilité pèse lourd» sur l'Eglise, dans le pays natal du pape bavarois.

De son côté, le mouvement de catholiques contestataires «Nous sommes l'Eglise» s'est dit «soulagé» par la démission de Mgr Mixa «après que des accusations de violences sexuelles ont encore été révélées la veille».

Pour ne pas accroître encore la perte de confiance en l'Eglise catholique, l'organisation réclame la nécessité «de faire la lumière complète et le plus rapidement possible sur tous les reproches» formulés contre l'écclésiastique.Car, pour enfoncer le clou, l'hebdomadaire der Spiegel affirme samedi en citant des sources proches de l'Eglise que l'ancien évêque aurait eu «des tendances homosexuelles» et aurait invité de jeunes séminaristes à des séances de sauna communes chez lui à l'époque où il était évêque d'Eichstätt.

Le statut de Mgr Mixa est passé «du chéri du pape au paria», commentait Spiegel Online, soulignant qu'il avait incarné «une Eglise voulue par le pape. Un fondamentaliste, un traditionaliste».

Habitué des propos incendiaires et connu pour ses positions conservatrices, Mgr Mixa avait, en février, attribué à «la soi-disant révolution sexuelle» des années 1960-70 un rôle dans le scandale de pédophilie dans l'Eglise et a, par le passé, fortement critiqué les homosexuels.

Sous le feu des critiques depuis les révélations en cascade d'abus sexuels commis par des membres du clergé, souvent couverts par leur hiérarchie, le pape a accepté ces dernières semaines les démissions de plusieurs évêques.