La lettre du pape aux catholiques irlandais secoués par le scandale de pédophilie dans leur clergé, qui sera publiée samedi, devrait insister sur la «repentance», la «guérison» et le «renouvellement», alors que se multiplient les révélations d'affaires semblables.

Ce sont les termes qu'a employés mercredi un Benoît XVI «profondément préoccupé» lorsqu'il a annoncé qu'il signerait ce courrier destiné à être lu dans les paroisses d'Irlande l'avant dernier dimanche du carême.

Le pape avait annoncé la parution de cette lettre pastorale sur cette «douloureuse situation», après sa rencontre le 11 décembre avec le primat de l'Église irlandaise, le cardinal Sean Brady.

Cette entrevue faisait suite à un rapport révélant que la hiérarchie irlandaise avait couvert des abus sexuels commis par des prêtres de la région de Dublin sur des centaines d'enfants pendant des décennies.

Benoît XVI avait alors qualifié la pédophilie de «crime ignoble», expression qu'il avait reprise à la mi-février en recevant pendant deux jours au Vatican l'ensemble des évêques irlandais, une procédure exceptionnelle.

À l'époque, son porte-parole, le père Federico Lombardi, avait précisé que la missive comporterait des «indications pratiques» pour lutter contre la pédophilie.

La lettre est très attendue après une cascade de révélations d'abus pédophiles de la part d'hommes d'Église ces dernières semaines.

Après l'Irlande, l'Allemagne, pays natal du pape, a été touchée, notamment par des cas au sein du choeur de Ratisbonne, dirigé pendant 30 ans par son frère, Georg.

Le pape lui-même a été critiqué par la presse allemande pour avoir accueilli, en 1980, dans son diocèse de Munich un prêtre soupçonné d'abus sexuels sur mineur pour qu'il suive une thérapie. Transféré dans une paroisse, sans qu'il en soit officiellement informé, celui-ci avait récidivé.

Depuis, des cas ont été révélés en Autriche, en Suisse, aux Pays-Bas, mais aussi au Brésil, en Espagne et en Italie.

Ce premier document officiel de l'Eglise sur la pédophilie aura valeur de message universel même si ses destinataires officiels sont les fidèles d'Irlande.

La lettre devrait réaffirmer la ligne dure contre la pédophilie au sein de l'Église exposée par le pape depuis le début de son pontificat (2005), notamment lors de ses voyages en 2008 aux États-Unis et en Australie, pays secoués par des scandales analogues.

Le journal Corriere della Sera anticipe notamment une réorganisation de l'Église avec des pouvoirs accrus pour les évêques y compris sur les congrégations religieuses, où de nombreuses dénonciations ont surgi. «Des hypothèses», a affirmé le père Lombardi à l'AFP.

«Cela risque de n'être que le énième document de bonnes intentions», a relativisé vendredi devant la presse étrangère Luigi Irdi, un journaliste qui a coordonné un essai collectif étudiant des cas de pédophilie dans le clergé italien.

Après la rencontre avec l'épiscopat irlandais en février, Benoît XVI avait dénoncé son inertie et l'avait invité à prendre «des mesures concrètes» en faveur des victimes d'abus et pour «restaurer la crédibilité spirituelle et morale de l'Eglise».

Les évêques irlandais avaient admis «des erreurs de jugement et des omissions» et s'étaient notamment engagés à coopérer avec la justice.

Depuis, Mgr Brady a lui-même été pris dans la tourmente: des familles de victimes réclament sa démission depuis que l'Eglise irlandaise a reconnu sa participation en 1975 à deux réunions au cours desquelles deux victimes présumées d'abus sexuels avaient signé des promesses de silence.