«Nous devons briser les chaînes de la tyrannie»: au congrès du lobby proarmes américain, la NRA, le chroniqueur ultraconservateur Glenn Beck a fait un tabac en mettant en garde contre le gouvernement, décidé selon lui à priver les Américains de leurs armes.

Le rassemblement, qui a attiré à Houston, au Texas, environ 70 000 membres du lobby --qui en revendique 4,5 millions-- était organisé quelques jours après un échec cinglant pour Barack Obama, qui a vu sa tentative de faire passer une législation plus restrictive sur les armes à feu échouer au Congrès.

Dans les allées du centre de convention, cette victoire, enregistrée quelques mois après l'émotion suscitée par le drame de Newtown --20 enfants et six adultes avaient été abattus par un jeune déséquilibré en décembre dans une école--, ne semble pourtant pas suffisante pour les partisans des armes à feu.

Et l'ultraconservateur Glenn Beck s'y est taillé un beau succès samedi soir en prononçant un discours de deux heures mettant en garde contre le «tyrannique» gouvernement fédéral.

«Ils veulent transformer fondamentalement notre pays et ils sont en train de peaufiner leur projet», a-t-il lancé. «Ils pensent qu'ils doivent nous imposer des réglementations jusqu'à ce qu'on se soumette, mais je ne me soumettrai pas».

Glenn Beck a mis en garde un public conquis d'avance: si les Américains laissent le gouvernement empiéter sur leur droit à posséder des armes --garanti par le deuxième amendement à la constitution--, c'est leur liberté et tous leurs autres droits qu'ils perdront ensuite.

«Le deuxième amendement a été écrit pour que nous puissions protéger nos droits, et nous avons aussi la responsabilité de briser les chaînes de la tyrannie», a-t-il lancé.

Au cours de son discours, le chroniqueur a aussi brandi des armes chargées d'histoire, dont les restes de l'arme de service d'un policier new-yorkais décédé lors du 11-Septembre: «c'est le symbole de la liberté».

«Débarrassez-nous des criminels»

Dans les allées du salon, les membres du lobby et ses sympathisants déambulent en famille. Quelque 550 exposants leur proposent leurs dernières nouveautés.

Et personne n'est oublié: à côté d'armes roses ou d'étuis s'accrochant au soutien-gorge pour les femmes, des stands permettant de tirer avec des armes à air comprimé sont spécifiquement destinés aux enfants.

Et dans leur grande majorité, ceux qui sont présents adhèrent aux idées défendues par Glenn Beck. John Geel, qui pratique le tir en compétition, est venu de Virginie pour assister au congrès: il est persuadé que le projet du gouvernement est de mettre en place un registre des armes à feu puis de les confisquer.

Critiquant les «lâches» qui n'ont pas réussi à mettre en oeuvre «les mesures qui répondraient directement aux causes d'événements comme ceux de Newtown», il reste pourtant muet sur ce que pourrait être une telle législation.

Debbie Sprague, originaire du Texas, a elle aussi une piètre image des hommes politiques. Les élus qui «sapent» le droit de porter des armes sont des hypocrites, assure-t-elle, pointant le fait qu'ils sont protégés en permanence par des gardes du corps armés.

«Cela fait partie de notre droit à nous protéger et à protéger nos familles», résume-t-elle: «Débarrassez-nous des criminels et empêchez-les d'avoir des armes».

À l'extérieur du centre de convention, les partisans d'une législation renforcée ont quant à eux organisé une veillée symbolique pour les 30 000 personnes tuées chaque année aux États-Unis par des armes à feu.