Les Européens se sont engagés vendredi à accroître leur aide au Pakistan face aux inondations pour éviter une déstabilisation politique du pays, et envisagent de suspendre leurs droits de douanes pour les produits textiles de ce pays.

«Nous nous orientons vers un accès préférentiel» aux marchés européens pour toute une série de produits essentiellement pakistanais, a déclaré le ministre finlandais des Affaires étrangères, Alexander Stubb, en marge d'une réunion avec ses homologues de l'Union européenne à Bruxelles.

«Ce qui nous préoccupe bien entendu c'est que les inondations conduisent à l'instabilité sur le plan politique et sécuritaire, c'est ce que nous cherchons à éviter», a-t-il ajouté.

«Si nous voulons stabiliser le Pakistan, pour qu'il ne sombre pas dans l'extrémisme et le fondamentalisme, nous devons faire en sorte de répondre aux conséquences économiques de cette catastrophe naturelle sur le moyen et le long terme», lui a fait écho son homologue allemand, Guido Westerwelle.

À l'étude figure la suspension temporaire des droits de douane de l'UE à l'importation sur 13 types de produits textiles, en coton notamment. Une mesure qui profiterait essentiellement au Pakistan en raison des produits choisis, selon Bruxelles.

Parmi les autres options sur la table, la Commission a aussi proposé une mesure allant beaucoup plus loin dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC): la levée pendant un an de tous les droits de douane pour le Pakistan.

Mais cette option «est trop complexe car cela oblige à passer par l'OMC», a souligné M. Stubb. Elle semble donc écartée.

Concernant la suspension des droits pour 13 produits, des pays du Sud de l'Europe ont encore des réticences car ils s'inquiètent de l'impact possible sur leur propre industrie textile, explique une source européenne.

La Fédération textile européenne, Euratex, a appelé pour ces raisons à ne pas accorder un tel privilège, au risque de mettre l'industrie européenne à genou. Elle accuse Islamabad de chercher par tous les moyens à pénétrer le marché de l'UE.

«Le commerce ne doit pas être un substitut à l'aide humanitaire», écrit-elle dans un document préparé avant une rencontre avec le commissaire européen chargé du Commerce, Karel De Gucht, jeudi.

Toutefois, l'Italie a fait savoir qu'elle ne mettrait pas son veto, au cours de la réunion de Bruxelles. «Nous sommes favorables» au projet, a déclaré aux journalistes le secrétaire d'Etat italien aux Affaires étrangères, Alfredo Mantica.

La pression pour faire un geste fort en faveur d'Islamabad reste très importante. Une décision finale pourrait être prise le 16 septembre au cours d'un sommet des dirigeants de l'UE.

«Nous devons aider le Pakistan sur le plan humanitaire, politique et économique», a déclaré la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. Les Pakistanais «ont besoin d'avoir la capacité de développer leur économie, via le commerce», a-t-elle dit.

«Nous sommes la plus grande puissance commerciale au monde et nos marchés comme notre commerce sont des instruments en faveur de la paix et du développement», a renchéri le ministre suédois Carl Bildt.

Les inondations catastrophiques qui ont déjà submergé le Nord-Ouest et le Centre du Pakistan ont fait au moins 1 760 morts et 10 millions de sans-abri à travers le pays, selon les chiffres de l'ONU. Elles gagnent à présent le Sud du pays.