Près de 4,6 millions de Pakistanais sont sans abri après les inondations qui ont ravagé une partie du pays depuis un mois, a annoncé jeudi l'ONU, quelques heures avant une réunion de son assemblée générale à New York destinée à renforcer l'aide aux sinistrés.

Au moins six des 15 à 20 millions de victimes de la pire catastrophe naturelle de l'histoire du pays continuent de dépendre de l'aide humanitaire, faute de nourriture, d'eau potable et d'abri près des zones sinistrées.

Nombre d'entre eux restaient livrés à eux-mêmes dans des camps de fortune ou le long des routes, à la merci des épidémies de diarrhées, choléra ou typhoïde redoutées par les agences d'aide.

«Environ 4,6 millions de personnes sont toujours sans abri», a déclaré le porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Maurizio Giuliano, en incluant dans ce chiffre les centaines de milliers de personnes toujours en mouvement après avoir fui leurs villages.

Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a lui annoncé qu'il allait tripler son appel de fonds pour les victimes des inondations.

Le sénateur américain John Kerry, en visite au Pakistan, et le président pakistanais Asif Ali Zardari ont appelé le monde à porter rapidement secours aux victimes pour éviter que la misère et la frustration ne soient exploitées par des groupes rebelles ou ne provoquent des violences.

«Il est possible que certaines forces mal intentionnées n'exploitent cette situation», a prévenu M. Zardari très critiqué avec son gouvernement par les victimes des inondations, qui dénoncent son attentisme et son inefficacité.

«Personne ne veut que cette crise permettre à ceux qui veulent exploiter la malchance d'autres à des fins politiques ou idéologiques de le faire», a abondé M. Kerry. Les inondations ont notamment affecté le nord-ouest du pays, pauvre, frontaliers de l'Afghanistan et qui abritent ne nombreux groupes talibans.

L'ONU devait se réunir dans la journée à New York pour accélérer la délivrance de l'aide internationale, critiquée pour sa lenteur.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon doit y présenter un tableau des besoins humanitaires des victimes.

Une résolution pressant la communauté internationale à aider le Pakistan à se rétablir à moyen et long terme sera également sur la table.

La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, doit y annoncer une aide américaine supplémentaire pour le Pakistan.

Après un lent démarrage, l'aide internationale a afflué ces derniers jours. L'ONU a indiqué jeudi avoir reçu 51% des 460 millions de dollars de fonds d'urgence qu'elle avait demandés la semaine dernière pour le Pakistan un allié stratégique des États-Unis secoué par les rébellions islamistes.

Islamabad a indiqué mercredi avoir reçu 300 millions de dollars d'aide internationale multilatérale, via l'ONU, et bilatérale.

L'ONU n'a cessé ces derniers jours d'appeler à l'aide pour les sinistrés les plus vulnérables, dont de nombreux femmes et enfants, indiquant manquer notamment d'argent, de tentes, de nourriture, d'eau et de médicaments.

Le Japon a annoncé jeudi l'envoi de six hélicoptères militaires pour participer aux efforts de secours, et l'Arabie saoudite a fait don de 106,7 millions de dollars, selon la presse saoudienne. La France, elle, a envoyé au Pakistan un avion chargé de 70 tonnes d'aide humanitaire.

La Banque asiatique de développement (BAD) a annoncé qu'elle allait débloquer 2 milliards de dollars au Pakistan. Lundi, la Banque mondiale s'est s'engagée à lui prêter 900 millions de dollars.

Les services météorologiques annonçaient une accalmie dans les pluies de la mousson. Les inondations ont tué près de 1.500 personnes, selon le gouvernement, mais l'ONU a prévenu que ce chiffre pourrait être «bien plus élevés» à mesure de la découverte de l'étendue des dégâts.