Plusieurs milliers de partisans du parti islamiste Ennahda, qui dirige la Tunisie, sont descendus dans les rues de la capitale samedi dans le cadre d'une manifestation en faveur du gouvernement, un jour après les funérailles d'un leader de l'opposition laïque assassiné.

Le rassemblement a été organisé par le parti lui-même afin de soutenir le comité chargé de rédiger la nouvelle constitution et dont le travail a été gravement compromis après l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 février lorsque les partis de gauche ont décidé de quitter la table.

L'Ennahda a indiqué que la manifestation visait aussi à protester contre «l'interférence française» après que le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, eut déclaré plus tôt cette semaine que le meurtre de M. Belaïd constituait une attaque contre les valeurs de la révolution de jasmin de la Tunisie.

Les Tunisiens ont renversé leur ancien président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011, donnant le coup d'envoi aux soulèvements du printemps arabe. Depuis, l'Ennahda, un parti islamiste modéré, a remporté les élections et gouverne le pays en coalition avec deux formations politiques laïques.

Les protestataires ont dénoncé samedi les propos de M. Valles, soutenant que ses commentaires prouvaient que la France s'immisçait dans les affaires de la Tunisie. Certains d'entre eux réunis en face du Théâtre national, situé sur le principal boulevard de Tunis, ont brandi des drapeaux de l'Ennahda et crié «Dehors, la France!»

Vendredi, les obsèques de Chokri Belaïd, qui a été abattu alors qu'il se trouvait dans sa voiture près de sa résidence, avaient attiré des centaines de milliers de personnes scandant des slogans antigouvernementaux.