Un policier a été tué mercredi lors d'affrontements avec des manifestants dans le centre de Tunis, a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué, après que des heurts ont opposé forces de l'ordre et une foule dénonçant le meurtre d'un opposant.  

«Le policier Lotfi Alzaar, 46 ans, est mort dans l'après-midi du mercredi 6 février 2013 des suites d'une blessure à la poitrine provoquée par des jets de pierres lors d'une opération pour disperser un groupe de manifestants à Bab El-Jazira», a annoncé le ministère.

Les heurts ont éclaté devant le ministère de l'Intérieur, sur l'avenue Bourguiba à Tunis, alors que des manifestants y accompagnaient l'ambulance transportant l'opposant tué mercredi, selon un journaliste de l'AFP.

Les manifestants ont jeté des pierres sur les policiers qui ont répliqué avec des lacrymogènes et de violents coups de matraque pour disperser la foule, alors que quelques dizaines de personnes protégeaient l'ambulance malgré les nuages de gaz.

La police avait déjà tenté de disperser la foule une première fois après avoir été visée par des jets de bouteilles mais l'arrivée de l'ambulance, bardée de drapeaux tunisiens a permis à la foule de se regrouper.

Les forces de l'ordre sont cependant rapidement revenues à la charge malgré ce cortège hautement symbolique remontant cette avenue, en plein centre de la capitale, qui était un haut lieu de la révolution de 2011.

«C'est un fils du peuple, c'est normal qu'il passe sur l'avenue Habib Bourguiba», a déclaré à l'AFP Moufida Abbassi, journaliste et amie de la victime.

Vers 14H40 GMT, les heurts avaient cessé sur cet axe peu après que le véhicule transportant le corps de Chokri Belaïd, tué par balles dans la matinée, eut quitté l'avenue.

Les affrontements se poursuivaient cependant dans les rues alentours, les policiers pourchassant les protestataires.

Les opposants accusent les islamistes au pouvoir d'être responsables du meurtre, ce que le parti Ennahda a démenti avec véhémence.

Des locaux d'Ennahda, au pouvoir, ont été attaqués par des manifestants dans plusieurs villes et les manifestations se sont multipliés à travers la Tunisie.

La Tunisie est plongée dans une crise politique, faute d'un compromis sur la future Constitution qui bloque l'organisation de nouvelles élections, alors que des membres de la coalition gouvernementale réclament un remaniement pour retirer aux islamistes des ministères régaliens.

Face à l'impasse, les violences se sont multipliés et plusieurs opposants ont accusé des milices pro-pouvoir, la Ligue de protection de la révolution, d'orchestrer des heurts ou des attaques contre l'opposition. Ce mouvement est accusé d'avoir tué en octobre Lotfi Naguedh, un responsable du parti d'opposition Nidaa Tounès.

Secrétaire général du parti des Patriotes démocrates, Belaïd avait rejoint avec sa formation une coalition de gauche, le Front populaire, qui se pose en alternative au pouvoir en place.

Très présent dans les médias, le poids politique de Chokri Belaïd et de ses alliés demeure une inconnue, le Front populaire n'ayant été créé qu'après les élections d'octobre 2011.

Photo Zoubeir Souissi, Reuters

Les policiers ont répliqué à des jets de pierre par du gaz lacrymogène.