Des milliers de Tunisiens ont manifesté dimanche à Tunis pour réclamer le respect de la liberté d'expression et dénoncer les violences qui ont éclaté après la diffusion du film franco-iranien Persepolis sur la chaîne Nessma TV, a constaté un journaliste de l'AFP.

Répondant à un appel lancé vendredi sur Facebook, des Tunisiens ont participé à cette marche sous le slogan «libère-moi» en dialecte tunisien).

«Le peuple veut la liberté d'expression», «La Tunisie est pour tous», «Tunisie libre, exit les forces rétrogrades», scandaient les manifestants qui se sont rassemblés sur la place Pasteur, à la sortie du centre ville pour défiler jusqu'à la Place des Droits de l'Homme distante 1,5 kilomètre environ.

«J'ai acquis la liberté de me battre pour la liberté d'expression», pouvait-on lire sur un panneau porté par un enfant de six ans.

Certains s'étaient scotchés la bouche, en signe de protestation, à l'appel des organisateurs sur le réseau social.

Un important dispositif de police a contrôlé cette marche qui s'est déroulée sans aucun incident dans les rues, habituellement désertes dimanche.

Cette marche pour la liberté d'expression est organisée en réaction à plusieurs manifestations qui s'étaient déroulées en Tunisie impliquant notamment des salafistes en rage contre la diffusion du film Persepolis Nessma TV.

Ce film a agité les milieux extrémistes depuis une semaine et choqué une partie des Tunisiens, en raison d'une scène figurant Dieu, chose considérée comme blasphématoire et proscrite dans l'islam.

Le film avait été diffusé sans problème en Tunisie, mais c'est sa version en dialecte tunisien produite par la chaîne et jugé blasphématoire qui a mis le feu aux poudres.

Le PDG de Nessma, Nabil Karoui, a présenté ses excuses au peuple tunisien. Son domicile a été attaqué par une centaine d'hommes.

À l'antenne, une journaliste de Nessma TV avait dénoncé «l'incitation de quelques imams à commettre des crimes à l'encontre des employés de la chaîne», notamment à l'occasion des prêches de vendredi, jour de prière.