Le président américain Barack Obama a de nouveau réclamé mardi le départ du président syrien Bachar al-Assad pour vaincre les djihadistes de l'État islamique, tout en affirmant qu'ils finiraient par être vaincus, devant les membres de sa coalition antiterroriste.

La Russie, qui insiste au contraire pour maintenir Assad au pouvoir afin de combattre l'EI, a snobé ce sommet antiterroriste en n'y envoyant qu'un diplomate.

M. Obama avait convoqué cette réunion, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, pour remobiliser ses troupes, un an après le lancement de la coalition militaire contre les djihadistes, à laquelle participent une soixantaine de pays.

Pour le président américain, les djihadistes «finiront par perdre», même si le combat sera long et «très difficile». Il demandera «des efforts soutenus de la part de tous», a-t-il insisté, et «nos efforts militaires ne suffiront pas», a mis en garde le président américain devant les dirigeants de 104 pays.

«En Syrie, vaincre l'EI nécessite un nouveau dirigeant» remplaçant Bachar al-Assad, a-t-il répété, comme il l'avait fait la veille à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, où il avait croisé le fer avec son homologue russe Vladimir Poutine sur la Syrie.

Face au groupe armé État islamique (EI), M. Poutine a appelé à une «large coalition» incluant Damas et Téhéran alors que M. Obama traitait Bachar al-Assad de «tyran». Les deux pays ont convenu de continuer à discuter de leurs divergences.

En attendant, la Russie a établi une tête de pont dans l'ouest de la Syrie, bastion du régime, et n'a pas exclu des frappes contre l'EI.

La Russie avait été invitée au sommet, mais pas l'Iran, qui aide pourtant l'Irak et la Syrie à combattre l'EI.

M. Obama a accueilli le Nigeria, attaqué par le groupe islamiste Boko Haram, la Tunisie et la Malaisie dans la coalition qui compte une soixantaine de pays, dont le Canada, le Royaume-Uni, la France et les voisins arabes de la Syrie.

Propagande extrémiste

Elle a mené depuis un an plus de 5000 frappes aériennes contre des positions de l'EI en Irak et en Syrie.

La France vient de se joindre aux raids en Syrie en détruisant dimanche un camp d'entraînement du groupe EI. Ce qui a fait dire mardi à son chef de la diplomatie Laurent Fabius qu'elle «tape DAECH (acronyme arabe de l'EI), mais les Russes, pour le moment, pas du tout».

Après les frappes de la coalition, M. Obama a évoqué des succès militaires contre l'EI dans le nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie, et la «libération de Tikrit», en Irak.

Le premier ministre irakien Haider al-Abadi a réclamé «l'aide de la communauté internationale pour financer l'équipement de ses soldats».

En l'absence d'opérations au sol, dont ni Washington ni Moscou ne veulent entendre parler, les djihadistes contrôlent toujours de vastes territoires en Irak et en Syrie.

L'EI a aussi pris pied au Yémen, en Libye et en Afghanistan, profitant du chaos ambiant.

Un ambitieux programme de formation de 5000 rebelles syriens par le Pentagone a également tourné au fiasco.

Étaient également invités au sommet de mardi une centaine d'organisations régionales et de représentants de la société civile et religieuse.

Le sommet devait aussi évoquer la menace que font peser les «combattants terroristes étrangers» une fois revenus des champs de bataille syriens ou irakiens, et la manière de contrer la propagande extrémiste.

L'an dernier, M. Obama avait présidé une session du Conseil de sécurité consacrée à ces jeunes étrangers, dont beaucoup d'Occidentaux, endoctrinés et enrôlés dans les rangs de l'EI.

Depuis lors, le phénomène n'a fait que croître. Près de 30 000 djihadistes étrangers, dont 250 Américains, se sont rendus en Syrie et en Irak depuis 2011, selon des responsables du renseignement américain. La précédente estimation, datant d'un an, était de 15 000 seulement.

Les services français de renseignement estiment, eux, à 1880 le nombre de Français faisant partie de la mouvance djihadiste, dont 491 ont gagné la Syrie ou l'Irak et 133 y ont été tués.