Le régime syrien a pris samedi pour cible le fief rebelle de Douma près de Damas, tuant au moins 20 civils et blessant des dizaines, une semaine après un carnage qui y avait fait plus de 100 morts et révulsé la communauté internationale.

«Il y a au moins 20 civils tués, mais le bilan va sûrement s'alourdir car il y a au moins 200 blessés et disparus sous les décombres d'immeubles effondrés dans les raids aériens et les bombardements», a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Dimanche dernier, les raids du régime contre un marché de Douma, la plus grande localité rebelle dans la province de Damas, ont tué, selon l'OSDH, 117 personnes, dont 16 enfants, l'une des attaques les plus meurtrières depuis le début de la guerre en Syrie en 2011.

Selon les Comités locaux de coordination (LCC), un important réseau de militants syriens, quatre immeubles mitoyens ont été visés samedi à Douma, située à 13 km au nord-est de Damas, et l'un d'eux de quatre étages s'est effondré.

Des militants sur place ont diffusé des images sur les réseaux sociaux montrant dans un chaos total des habitants sortant des gravats une fillette le visage ensanglanté.

Selon M. Abdel Rahmane, la localité a été prise pour cible dès le matin par l'aviation et l'artillerie du régime. Des raids ont également visé la vile de Harasta.

«Vaincre le terrorisme»

Douma et Harasta, banlieues-dortoirs et industrielles de la capitale syrienne, comptaient respectivement 120 000 et 40 000 habitants avant le conflit de mars 2011. Mais en raison des combats et des arrestations par le régime dans la région à l'est de Damas, beaucoup ont trouvé refuge dans ces deux villes contrôlées par les rebelles depuis la mi-2012.

Ces localités sont tenues majoritairement par les rebelles du groupe Jaich al-Islam, mais le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, y est également présent.

Après le carnage du 16 août, l'ONU s'est déclarée «horrifiée», alors que les États-Unis et l'Union européenne ont condamné des raids «brutaux». Cette attaque avait coïncidé avec la visite en Syrie du patron des affaires humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch avait de son côté appelé l'ONU à imposer un embargo sur les armes au régime syrien, en affirmant que les raids sur Douma illustraient «l'effroyable mépris pour les civils» de la part du gouvernement syrien.

Mais le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem, cité par l'agence officielle Sana, avait estimé «naturel que l'État syrien utilise les instruments nécessaires pour vaincre le terrorisme», terme par lequel le pouvoir désigne la rébellion.

«Beaucoup de terroristes prennent les civils comme boucliers humains donc tout ce qui se dit à propos de massacres à Douma n'est que fausses informations», avait-il ajouté.

Une Syrienne lauréate du prix Mackler

Le conflit en Syrie a été déclenché en mars 2011 par la répression sanglante de manifestations antigouvernementales pacifiques, qui ont dégénéré en révolte armée puis en guerre civile brutale.

Les combats opposent désormais régime, rebelles, Kurdes et djihadistes qui s'affrontent sur un territoire de plus en plus morcelé et se poursuivent aux quatre coins du pays.

La guerre a fait plus de 240 000 morts, selon l'OSDH. Plus de quatre millions de Syriens ont fui le pays et des millions d'autres ont été déplacés.

Ailleurs dans le pays, le directeur général des Antiquités et des musées de Syrie, Maamoun Abdelkarim, a indiqué samedi à l'AFP que les trois fils et la femme de Khaled al-Assad, le célèbre chef des antiquités de Palmyre durant 50 ans décapité par les djihadistes du groupe État islamique (EI), avaient réussi à fuir la ville et à rejoindre Homs sous contrôle gouvernemental.

Enfin, la journaliste syrienne Zaina Erhaim, âgée de 30 ans et travaillant depuis la ville d'Alep ravagée par les combats, est la lauréate 2015 du prix Peter Mackler qui récompense le courage et l'éthique journalistique.