Les Damascènes l'appellent le «train de promenade»: ce tortillard touristique, synonyme de vacances, mais paralysé depuis le début du conflit en Syrie, fait de nouveau la navette entre la capitale et sa banlieue, insufflant de l'espoir dans la morosité quotidienne.

Le «Qitar al-Nouzha» est composé d'une locomotive et d'un wagon jaune avec des sièges en cuir pouvant transporter environ 100 personnes. Il a été relancé officiellement vendredi par les autorités et sera ouvert au grand public à partir de samedi.

Avant la guerre qui ravage le pays depuis plus de quatre ans, ce petit train parvenait à des localités de la grande province de Damas aujourd'hui sous contrôle des rebelles, comme Zabadani. Donc, il n'effectuera que des va-et-vient entre la capitale et des banlieues toutes proches sous le contrôle du régime, comme celle de Doummar.

Pour beaucoup de Damascènes, la locomotive est synonyme de vacances dans les villégiatures en province, une région arboricole où on allait pique-niquer, mais qui est actuellement en proie aux bombardements et combats.

«C'est le train de mon enfance. Je veux le prendre de nouveau pour me souvenir des beaux jours», confie à l'AFP Nour, une adolescente qui prépare son baccalauréat.

En 2009, le train est devenu centenaire. Il partait auparavant de la station Hijaz, dans le centre-ville, aujourd'hui fermée.

«Cela rendra les gens heureux», affirme Samir Khoury, ingénieur de 43 ans.

Pour 50 livres syriennes (0,20 $), la locomotive, qui fonctionne au fioul, servira également en milieu de semaine de moyen de transport alternatif dans une capitale embouteillée.

«Nous avons décidé de redémarrer ce train pour redonner de l'espoir et de redessiner le sourire sur le visage des Damascènes», explique à l'AFP Zouheir Khalil, un des responsables de la gestion du véhicule.

Le train part de Rabwé, près de la célèbre place des Omeyyades dans l'ouest de la capitale, longe le fleuve Barada avant d'arriver à Doummar, banlieue du nord-ouest.

L'inauguration s'est déroulée en présence de dizaines de personnes, avec une affiche géante du président Bachar al-Assad installé pour l'occasion.

Avec le conflit, l'ensemble du réseau routier - notamment les bus - a été perturbé en raison des combats et des enlèvements.

«Ce train était la fierté de notre quartier et je me suis sentie désemparée quand il s'est arrêté. Deux jours avant les promenades avec mes amis dans ce train, je préparais le taboulé, des desserts et surtout le narguilé. Je vais pouvoir recommencer», assure Safaa al-Beyrouthi, une infirmière qui habite près de la gare.

La guerre en Syrie a fait depuis le 15 mars 2011 quelque 220 000 morts, jeté la moitié de la population hors de chez elle et laminé l'économie, dont le tourisme qui représentait 12 % du PIB.

Déclenchée par la répression d'un mouvement de contestation par le régime, elle oppose le régime aux rebelles, mais l'implication en 2013 des groupes djihadistes dont les membres sont venus pour la plupart de l'étranger a rendu le conflit encore plus complexe.