L'ONG Amnistie internationale a accusé mardi le régime syrien d'avoir violé le droit international en tuant une centaine de civils lors d'une série de bombardements en novembre sur Raqqa, ville tenue par le groupe Etat islamique (EI), dénonçant de possibles crimes de guerre.

Dans son rapport, l'ONG affirme que les frappes aériennes menées sur cette ville du nord de la Syrie  ont tué 115 civils, dont 14 enfants, entre les 11 et 29 novembre. Amnistie internationale souligne que certaines semblent avoir directement visé des zones civiles.

«Certaines de ces attaques ont tous les aspects de crimes de guerre», affirme le directeur de l'ONG pour le Moyen-Orient, Philip Luther.

Ces bombardements ont notamment frappé une mosquée et un marché bondé ainsi que d'autres bâtiments non militaires. Dans la plupart des cas, aucune cible militaire n'a été identifiée à proximité, notamment près du marché, selon Amnistie internationale.

«Le gouvernement semble indifférent au carnage causé par ces frappes, refusant même de reconnaître des victimes civiles», a-t-elle dénoncé.

D'après les autorités syriennes, ces raids visaient des membres et des installations de l'EI, qui ont fait de Raqqa la capitale du «califat» qu'ils ont décrété fin juin sur les territoires sous leur contrôle en Irak et en Syrie.

Un témoin d'une attaque sur le principal marché de la ville a expliqué que ce bombardement avait détruit une quarantaine de bâtiments. «C'était un désastre (...) J'ai vu des morceaux de corps partout», a-t-il dit à l'ONG.

Selon un témoin d'une attaque sur une mosquée «pleine de fidèles», des membres présumés de l'EI figuraient parmi les morts mais ils participaient à la prière du vendredi à titre individuel avec de nombreux civils.

«La simple présence de membres de l'EI (dans l'assistance) n'autorise pas les forces syriennes à larguer un tapis de bombes sur la zone en balayant la possibilité de faire des victimes civiles», souligne M. Luther.

Pour l'ONG, «ces actes reflètent l'habitude des forces gouvernementales de chercher à punir les populations civiles dans les zones où se trouvent des groupes armés opposés» au régime.

La Syrie est le théâtre d'un conflit complexe impliquant le régime et des alliés dont le Hezbollah libanais, ainsi que des rebelles, des forces kurdes syriennes et des groupes jihadistes, composés en majorité d'étrangers.

En quatre ans, les violences, qui ont commencé avec la répression de manifestations pacifiques contre le régime, ont fait plus de 215 000 morts et déplacé plus de dix millions de personnes.