Un véhicule piégé a explosé samedi dans un marché très fréquenté d'une banlieue de la capitale syrienne contrôlée par les rebelles, faisant au moins deux morts et des dizaines de blessés, alors que de nombreux civils faisaient leurs emplettes à la veille du début du Ramadan, ont affirmé des militants de l'opposition.

L'attentat s'est produit environ deux heures après que le vice-ministre russe des Affaires étrangères, en visite à Damas, eut appelé les États-Unis et l'Europe à prendre des mesures «sérieuses» pour combattre le terrorisme en Syrie, prévenant que plusieurs pays de la région étaient menacés par le conflit.

La Russie ne restera pas les bras croisés face aux tentatives de certains groupes de «propager le terrorisme dans les pays de la région», a déclaré Sergueï Ryabkov devant les journalistes. Il faisait apparemment référence à l'avancée rapide des extrémistes de l'État islamique en Irak et au Levant (ÉIIL) dans l'est de la Syrie et le nord de l'Irak.

La Russie est l'un des plus fidèles alliés du président syrien Bachar el-Assad depuis le début du soulèvement contre son régime, en mars 2011. Moscou a utilisé à quatre reprises son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour empêcher des sanctions internationales contre la Syrie.

La Russie et le gouvernement El-Assad ont tous deux présenté la guerre civile syrienne comme une campagne menée par des «terroristes» soutenus par d'autres pays.

L'explosion dans le marché de Douma a tué au moins deux personnes, en plus d'en blesser des dizaines d'autres qui ont été transportées en vitesse vers des hôpitaux improvisés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme et des vidéos tournées sur les lieux par des militants de l'opposition.

Les militants ont expliqué que le marché était bondé, alors que de nombreuses personnes faisaient leurs achats avant le début du Ramadan, le mois pendant lequel les musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil.

D'après l'Observatoire, l'explosion a causé de lourds dommages. L'Observatoire et un militant de l'opposition dans la banlieue voisine de Saqba, qui s'est présenté sous le nom d'Abou Yazan, ont indiqué que les soupçons se tournaient vers l'ÉIIL, à cause de la rivalité entre ce groupe extrémiste et les autres groupes rebelles présents dans le secteur.

«Les hôpitaux débordent de blessés», a déclaré Abou Yazan lors d'une entrevue par Skype.

Des vidéos publiées sur Internet par des militants de l'opposition montrent les corps ensanglantés et brûlés de deux garçons sur le sol de ce qui semble être un hôpital provisoire. D'autres victimes, notamment des enfants, reçoivent des soins au milieu des cris de douleur. On voit aussi plusieurs autres personnes blessées étendues sur des carreaux blancs maculés de sang.

Douma, l'une des banlieues les plus densément peuplées de la capitale syrienne, est contrôlée par les rebelles depuis plus de deux ans.

L'ÉIIL combat des factions islamistes rivales, notamment le Front al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, depuis le mois de janvier, des affrontements qui ont fait plus de 6000 morts, selon l'Observatoire.

À Damas, le vice-ministre russe des Affaires étrangères a appelé à combattre le terrorisme en Syrie en «prenant des mesures intégrales contre le radicalisme» et en «cherchant une solution pour empêcher l'afflux de combattants de l'étranger», en prévenant que le terrorisme aurait des «répercussions catastrophiques» pour l'ensemble de la région.

Des milliers de combattants étrangers, provenant notamment des anciennes républiques soviétiques, affrontent les forces gouvernementales syriennes dans différentes parties du pays, la plupart au sein de l'ÉIIL, qui tente d'établir une vaste enclave islamique de part et d'autre de la frontière entre la Syrie et l'Irak.