Bachar al-Assad a remporté sans surprise la présidentielle en Syrie, présentant jeudi sa victoire comme un message «fort» aux Occidentaux qui ont rejeté ce scrutin organisé en pleine guerre par son régime.

L'opposition en exil, soutenue par l'Occident, a jugé «illégitime» ce scrutin et s'est engagée à poursuivre la révolte lancée il y a plus de trois ans pour faire tomber le régime Assad.

Washington a parlé de «non-élection» et Londres a dénié toute légitimité au scrutin, alors que Moscou et Téhéran, alliés indéfectibles de M. Assad, l'ont salué, les deux camps affichant de nouveau leurs divergences sur la guerre qui ravage la Syrie.

M. Assad, élu pour un 3e mandat de sept ans, doit prêter serment le 17 juillet et prononcer à cette occasion devant le Parlement un discours dans lequel il expliquera sa «nouvelle» politique, a indiqué jeudi à l'AFP une source proche de la présidence syrienne.

Dans une première réaction après l'annonce des résultats, M. Assad a affirmé devant une délégation parlementaire iranienne que «la participation élevée au scrutin représente un message fort à l'Occident et les pays impliqués dans la guerre contre la Syrie».

«Le peuple syrien est un peuple déterminé à choisir seul son avenir», a, selon les médias locaux, ajouté le président syrien qui considère les rebelles comme des «groupes terroristes à la solde de l'étranger».

Selon les résultats annoncés moins de 24 heures après la clôture du scrutin mardi soir, M. Assad l'a remporté avec 88,7% des suffrages.

L'élection a été organisée dans les régions sous contrôle du régime, soit 40% du territoire où vit 60% de la population. La participation a été, selon les chiffres officiels, de plus de 73% (11,6 millions sur les 15,8 millions de personnes appelées à voter).

'Illégitime' 

«Après ces élections historiques, les Syriens vont accomplir une mission militaire, politique, sociale ainsi que la reconstruction du pays en faisant fi des obus tirés par les terroristes et des déclarations viles de leurs parrains», écrit le journal officiel Al-Baas.

L'annonce de la réélection attendue de M. Assad a été accompagnée par des tirs de joie qui ont fait trois morts à Damas et une vingtaine de blessés à Alep (nord), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Ulcérée de voir son ennemi reconduit alors qu'elle croyait pouvoir le faire tomber en quelques mois, la coalition nationale de l'opposition en exil a estimé que l'élection était «illégitime et ne représentait pas le peuple syrien».

«Le peuple poursuivra sa révolution jusqu'à la réalisation de ses objectifs pour la liberté, la justice et la démocratie» a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Elle a demandé une nouvelle fois à la communauté internationale «d'accroître son aide» à la rébellion, alors que les troupes du régime ont enregistré une série de succès sur le terrain ces derniers mois.

Le conflit en Syrie a été déclenché en mars 2011 par un mouvement de contestation pacifique réclamant des réformes politiques, qui après avoir été brutalement réprimé, s'est transformé en insurrection armée.

La révolte a depuis basculé dans une guerre totale qui a fait plus de 162 000 morts, déraciné neuf millions de personnes et laissé le pays en ruines.

Occidentaux contre Russes 

L'Occident a dénoncé la tenue du scrutin dans un pays à feu et à sang.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague l'a qualifié d'«insulte aux Syriens en quête de liberté et de véritable changement politique».

Ce scrutin «n'a aucun sens, car vous ne pouvez pas avoir d'élections alors que des millions ne peuvent même pas voter, n'ont pas la capacité de contester ces élections, n'ont pas de choix», a affirmé son homologue américain John Kerry.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton l'a qualifié d'«illégitime».

En revanche, les Affaires étrangères russes ont estimé que la «légitimité» du scrutin ne peut être mise en cause. «Il n'est pas possible d'ignorer l'opinion de millions de Syriens, qui se sont rendus aux urnes malgré la menace terroriste et ont fait le choix de l'avenir du pays».

Et l'Iran s'est félicité du caractère «pluraliste» de l'élection et de son respect «des principes démocratiques».