Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont exprimé jeudi leur «vive inquiétude» sur le sort des civils pris au piège des combats dans la vieille ville de Homs (centre de la Syrie), a déclaré la présidente en exercice du Conseil, l'ambassadrice nigériane Joy Ogwu.

Les 15 pays membres, a-t-elle ajouté, «ont demandé l'application immédiate de la résolution 2139» du 22 février dernier sur l'amélioration de l'accès humanitaire en Syrie et soutiennent l'appel du médiateur international Lakhdar Brahimi à la reprise de négociations pour lever le siège de Homs.

Les membres du Conseil ont mené jeudi trois heures de consultations après que la patronne des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos leur a exposé la situation à Homs.

«Les civils bloqués dans la vieille ville de Homs et dans le quartier de Al-Waer par une offensive du régime sont vraiment en danger de mort», a souligné l'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant à sa sortie du Conseil.

Il a précisé que la France et le Royaume uni avaient proposé un projet de déclaration formelle du Conseil mais que le Conseil n'avait pas réussi à se mettre d'accord pour l'adopter.

Selon son homologue français Gérard Araud, c'est la Russie, alliée de Damas, qui a une nouvelle fois bloqué ce projet de texte appelant le régime à lever le siège de Homs. M. Araud s'est étonné de ce refus russe alors que la résolution 2139, pourtant acceptée par Moscou, réclame la levée des sièges de plusieurs villes syriennes dont Homs.

L'ambassadrice américaine Samantha Power a demandé dans un communiqué à «tous les pays qui ont une influence sur Damas de faire pression sur le régime» pour qu'il reprenne les négociations sur la levée du siège de Homs. «Il est impératif que ceux qui veulent quitter Homs puissent le faire rapidement et en sécurité», a-t-elle affirmé.

L'ambassadeur syrien Bachar Jaafari a affirmé à la presse que seuls 170 civils se trouvaient bloqués à Homs, aux côtés de plusieurs milliers de «terroristes», mais que ces civils refusaient de quitter la ville.

Le médiateur de l'ONU en Syrie Lakhdar Brahimi avait appelé jeudi le pouvoir et l'opposition à reprendre les négociations pour parvenir à lever le siège de Homs, «à nouveau livrée à la mort et à la destruction».

«Nous demandons instamment à toutes les parties de revenir à la table de négociations et de conclure l'accord qui était sur le point d'être signé», a déclaré M. Brahimi dans un communiqué.

Il a précisé que des discussions étaient en bonne voie entre les autorités syriennes et «un Comité de négociation représentant les civils et les combattants encore bloqués dans la vieille ville de Homs ainsi que les habitants du quartier de al-Waer».

«Il est profondément regrettable que les négociations aient été brusquement stoppées et que la violence ait repris de plus belle alors qu'un accord semblait à portée de main», a ajouté M. Brahimi.

L'armée syrienne a déclenché mardi une offensive contre le centre de Homs et y a remporté d'«importants succès en avançant en direction des quartiers de Jouret al-Chiyah, Hamidiyé, Bab al-Houd et Wadi al-Sayeh», selon la télévision syrienne.

La vieille ville, tenue par les rebelles, est assiégée et bombardée depuis près de deux ans par les troupes de Bachar al-Assad.

Selon des militants opposés au régime, environ 1300 personnes, en majorité des combattants, sont encore bloquées dans les quartiers assiégés, après l'évacuation en début d'année de quelque 1400 civils.