L'armée syrienne, appuyée par les combattants du Hezbollah libanais, a repris samedi aux rebelles deux villages dans Qalamoun, renforçant son emprise sur cette région stratégique frontalière du Liban, selon un responsable militaire.

La prise de Qalamoun, l'un des fronts de la guerre qui ravage la Syrie depuis trois ans, est cruciale pour le régime, mais surtout pour le Hezbollah qui affirme que les voitures utilisées dans les attentats meurtriers contre ses bastions au Liban sont piégées dans cette région.

Le régime de Bachar al-Assad accuse aussi les rebelles d'acheminer armes et combattants depuis le Liban via ce secteur frontalier.

«L'armée a pris le contrôle ce matin des villages de Ras al-Maara et Flita après avoir bombardé les derniers groupes de terroristes armés qui s'y trouvaient», a indiqué la source militaire. Le régime désigne par le terme de «terroristes» tous les rebelles.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'armée avait bombardé  le secteur de Flita la veille aux barils d'explosifs, une pratique dénoncée par l'ONU.

Il ne reste plus aux mains des rebelles à Qalamoun que le bastion de Rankous, sous leur contrôle depuis deux ans, la localité chrétienne de Maaloula et une poignée de villages, a ajouté l'OSDH, qui s'appuie sur un important réseau de militants et sources médicales civiles en militaires en Syrie.

L'armée et le Hezbollah, allié indéfectible du régime Assad, ont lancé en novembre une offensive aérienne et terrestre pour reconquérir Qalamoun avec l'objectif de sécuriser ce secteur qui servait de base arrière aux rebelles.

L'armée a enregistré une victoire importante à la mi-mars en reprenant Yabroud, l'un des principaux bastions rebelles, avant de concentrer ses forces sur plusieurs villages frontaliers, dont Flita et Ras al-Maara.

«Il s'agit d'une nouvelle étape vers le verrouillage de la frontière», a estimé le responsable militaire. «Chaque victoire contribue à boucler un peu plus (la frontière), au moins au niveau des points de passage principaux» utilisés par les rebelles.

Après la prise de Flita et Ras al-Maara, au moins 700 Syriens, en majorité des civils, se sont réfugiés dans la localité libanaise d'Aarsal, proche de la frontière et partisane de la rébellion, selon l'agence nationale libanaise.

«L'armée libanaise vérifie les identités (des réfugiés) et empêche les hommes armés (rebelles) d'entrer au Liban à travers Aarsal», a indiqué l'agence en précisant que l'«exode continue».

Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, même si l'armée renforce son emprise sur Qalamoun, «il lui sera difficile de contrôler la totalité de la frontière», qui s'étend sur des dizaines de kilomètres dans cette région.

«Il y a une portion où les rebelles pourront toujours entrer et sortir (...) Pour tout contrôler, l'armée et le Hezbollah devraient déployer des combattants tout le long de la frontière, ce qui est impossible», a-t-il ajouté.

Ailleurs dans le pays, au moins 35 combattants du Front Al-Nosra, la branche d'Al-Qaïda en Syrie, et de brigades islamistes ont péri lors de combats contre les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) dans la localité stratégique de Markada, dans la province de Hassaka, toujours selon l'OSDH.

Au terme de ces combats, l'EIIL a pris la localité située sur la route d'approvisionnement de l'EIIL entre l'Irak, d'où ce groupe est originaire, et Hassaka.

Auparavant alliés, ces différents groupes de l'opposition à Assad se battent depuis le début de l'année, plusieurs brigades dénonçant les exactions et la volonté hégémonique de l'EIIL.

Le conflit en Syrie, né d'une contestation populaire pacifique lancée le 15 mars 2011 qui s'est militarisée face à la répression, a fait plus de 146 000 morts selon l'OSDH.