Onze rebelles qui fuyaient le célèbre Krak des Chevaliers, au centre de la Syrie, sur le point de tomber aux mains des forces loyalistes, ont été tués jeudi en tentant d'entrer au Liban voisin, a affirmé une source militaire.

«Durant les opérations dans les régions d'al-Hosn, des hommes armés, qui tentaient de fuir vers le territoire libanais, sont tombés dans une embuscade tendue par l'armée et onze d'entre eux ont été tués», a indiqué cette source à l'AFP. Al-Hosn est le village où se trouve la citadelle médiévale croisée.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), au moins 60 personnes ont été tuées ou blessées en fuyant la région de Hosn vers le Liban. Parmi les victimes figurent des rebelles et des civils.

Pour sa part, une source de sécurité libanaise a fait état de 45 blessés, civils et rebelles, par les bombardements de l'artillerie syrienne alors qu'ils traversaient le Nahr al-Kebir, le cours d'eau qui sépare les deux pays au nord du Liban. Certains ont été touchés alors qu'ils se trouvaient en territoire syrien et d'autres alors qu'ils avaient atteint le Liban, selon la même source.

Selon l'OSDH, des combats ont lieu à l'intérieur du château croisé, alors qu'une source de sécurité syrienne affirmait que le fort était sous le feu de l'armée syrienne.

Sur la liste du patrimoine mondial en péril

Le krak des Chevaliers, citadelle croisée, est classé depuis juin 2013 par l'Unesco sur la liste du patrimoine mondial en péril.

Mi-juillet 2013, des vidéos diffusées par des militants ont montré les dommages infligés par un raid aérien à l'imposante citadelle perchée au sommet d'une colline aux flancs abrupts et contrôlant la trouée de Homs, près du Liban.

Fin juin 2012, un journaliste de l'AFP avait pu gagner la forteresse assiégée depuis le début du conflit en 2011 et la filmer, sans noter alors de graves dommages sur l'édifice car les combats se déroulaient en contrebas ou sur les flancs.

Considérée comme l'un des châteaux des Croisades les mieux préservés et un exemple précieux des échanges d'influences byzantines, croisées et islamiques, la forteresse a été classée en 2006 au patrimoine mondial de l'Unesco.

Le site a d'abord abrité, sur des fortifications byzantines, un palais bâti par les califes omeyyades. En 1031, la dynastie des Abbassides y a construit une forteresse et y a installé une garnison kurde qui a donné au site son nom du XIe siècle, «château des Kurdes».

En 1110, la forteresse a été prise par Tancrède, régent d'Antioche, qui y a installé une garnison franche lors de la première croisade. En 1142, elle a été confiée à l'ordre des Chevaliers Hospitaliers (Templiers), qui ont construit plusieurs ouvrages défensifs et lui ont donnent son nom de krak des Chevaliers.

La citadelle, réparée après un tremblement de terre en 1158, a résisté à partir de 1163 à plusieurs assauts des armées musulmanes. Même Saladin a échoué en 1188 à s'emparer de «Qalaat al-Hosn» (la forteresse imprenable, son nom en arabe).

Ce sont finalement les Mamelouks et le sultan Baïbars qui a réussi à la prendre en 1271, par la ruse: ils auraient fabriqué une fausse lettre du grand maître des Templiers ordonnant à la garnison de se rendre.

Des villageois ont ensuite occupé la forteresse, déblayée avec des restaurations limitées sous le mandat français (1920) puis passée sous contrôle de la Syrie indépendante en 1946 et devenue un haut lieu touristique, jusqu'à la révolte de 2011.