Le président syrien Bachar al-Assad a le «droit» de se porter candidat à sa propre succession dans quelques mois, car il est le «garant» de l'avenir de la Syrie, a affirmé jeudi le vice-ministre syrien des Affaires étrangères.

En janvier, M. Assad avait affirmé dans une déclaration exclusive à l'AFP qu'il y avait de «fortes chances» qu'il soit candidat à l'élection présidentielle, alors que la révolte contre son régime il y a trois ans s'est transformée en une guerre civile dévastatrice.

«Le président Assad est comme n'importe quel citoyen syrien. Il est en outre le garant pour mener la prochaine étape de la reconstruction et du repositionnement de la Syrie comme véritable puissance dans la région», a déclaré le vice-ministre Fayçal Moqdad.

«Il est le véritable garant de l'avenir de la Syrie», a-t-il insisté, dans des déclarations à l'agence chinoise Xinhua et relayées jeudi par l'agence officielle syrienne Sana.

Le Parlement syrien a commencé cette semaine à débattre d'une nouvelle loi électorale pour les scrutins présidentiel et législatif, qui exclut de facto tout candidat de l'opposition.

«Le droit de se présenter (aux prochaines élections) doit être conforme à la Constitution qui octroie ce droit à tous les Syriens», a estimé M. Moqdad le responsable, ajoutant que M. Assad était «le fils dévoué de la Syrie» et avait enregistré «d'innombrables réussites» depuis son arrivée au pouvoir à la mort de son père Hafez al-Assad en 2000.

Le clan Assad dirige la Syrie d'une main de fer depuis plus de 40 ans, muselant opposition, presse et société civile.

Le 15 mars 2011, un mouvement de contestation pacifique a débuté en Syrie, au départ pour réclamer des réformes politiques et plus de liberté. Mais face à la répression, la révolte s'est progressivement militarisée, avant de se transformer en une guerre sanglante et complexe.

Le projet de nouvelle loi électorale exige en particulier que tout candidat à la présidentielle ait vécu les 10 dernières années en Syrie et recueille le soutien d'au moins 35 des 250 députés, ce qui exclut de facto les figures de l'opposition en exil.

M. Moqdad a cependant assuré que le régime était prêt à «écouter le point de vue» de l'opposition à propos de cette loi.

Des pourparlers entre régime et opposition, entamés le 22 janvier en Suisse sous l'impulsion de la Russie et des États-Unis et sous l'égide de l'ONU, n'ont pas produit de résultat, les deux parties divergeant sur l'objectif de négociations.

Le régime voulait discuter de la lutte contre le «terrorisme» - la rébellion dans son vocabulaire -, et l'opposition réclamait la mise en place d'une transition sans M. Assad.

Le chef de la Coalition de l'opposition de l'opposition, Ahmad Jarba, a mis d'ailleurs en garde jeudi contre une nouvelle candidature de M. Assad.

«Les négociations de Genève perdront tout sens si Assad poursuit son plan de se présenter à l'élection présidentielle», a-t-il affirmé dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l'ONU.

«Si cela se produit, cela veut dire que le régime d'Assad ne veut pas accepter la transition politique comme stipulé par le communiqué de Genève et qu'il n'est pas sérieux» à cet égard, a ajouté M. Jarba.

«Si le régime d'Assad continue de refuser de s'engager dans la transition politique, la Coalition de l'opposition réclame au nom du peuple syrien que le Conseil de sécurité prenne toutes les mesures nécessaires pour obliger le régime à changer de position», a ajouté le chef de la Coalition.

Aucune date n'a encore été fixée pour la reprise des négociations.