Le rythme de l'évacuation des armes chimiques hors du territoire syrien doit s'accélérer, a soutenu vendredi l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, alors que moins de 5% des armes les plus dangereuses ont jusqu'à maintenant été évacuées.

«La nécessité d'accélérer le rythme de ce processus est évidente», a soutenu le directeur général Ahmet Uzumcu lors d'une réunion jeudi du Conseil exécutif de l'OIAC, cité dans un communiqué publié vendredi.

La question des retards syriens a divisé les délégations présentes jeudi au Conseil exécutif, incapables de s'accorder sur un texte officiel, selon une source proche de l'OIAC.

Les Occidentaux se veulent plus mordants tandis que Russes et Chinois, entre autres, se veulent plus cléments envers Damas. Le Conseil se penchera à nouveau sur la question lors de sa prochaine réunion, le 21 février.

«Il faut trouver des moyens d'assurer la continuité et la prévisibilité des transports», a pour sa part souligné M. Uzumcu, selon lequel «la Syrie a «réitéré son engagement en vue de réaliser le programme et assuré être en train de travailler à un calendrier».

Seuls deux chargements d'agents chimiques ont quitté la Syrie, les 7 et 27 janvier, via le port de Lattaquié pour être détruits en mer. Selon Washington, cela représente environ 4% de ce qui aurait dû être évacué au 31 décembre.

Selon le plan de destruction des armes chimiques syriennes approuvé par l'ONU, la Syrie devait avoir évacué à cette date les 700 tonnes d'agents chimiques les plus dangereux déclarés par Damas, notamment ceux intervenant dans la composition du gaz moutarde et du gaz sarin.

La Syrie doit en outre, selon ce même plan, avoir évacué au 5 février 500 tonnes supplémentaires d'agents chimiques dits de «catégorie 2». Environ 120 tonnes d'isopropanol doivent en outre être détruites en Syrie d'ici au 1er mars.

Le plan de désarmement chimique de la Syrie approuvé par l'ONU prévoit que la totalité de l'arsenal chimique syrien soit détruite au 30 juin 2014. Il avait été adopté à la suite d'un accord russo-américain ayant permis d'éviter des frappes militaires américaines en Syrie.

Le 8 janvier, l'OIAC avait déjà exhorté la Syrie à intensifier ses efforts, après que Damas eut déjà pris du retard dans l'évacuation des agents chimiques les plus dangereux hors de son territoire.

Dans un rapport daté du 23 janvier, M. Uzumcu avait déjà indiqué que lui et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon étaient d'accord pour dire «qu'il est nécessaire que le processus d'évacuation s'accélère».

La Syrie «traîne les pieds»

La Syrie avait notamment évoqué, pour se justifier, les problèmes de sécurité liés à la guerre qui fait rage depuis mars 2011.

Jeudi, les États-Unis s'étaient dits «inquiets» des retards et avaient dirigé leurs foudres directement vers Damas plutôt que de s'exprimer en termes très généraux, comme l'a fait vendredi Ahmet Uzumcu.

Le porte-parole du département d'État, Mme Jennifer Psaki, avait par exemple accusé la Syrie de «traîner les pieds».

«Presqu'aucun agent chimique n'a été évacué», avait pour sa part assuré Robert Mikulak, représentant permanent des États-Unis auprès de l'OIAC, cité dans un communiqué.

Il a ajouté que les demandes syriennes en vue de recevoir plus d'équipements pour déplacer les agents chimiques sont «sans mérite et dénotent d'une mentalité de marchandage». «Ces produits chimiques ont souvent été déplacés sans ces équipements durant le conflit».

Les agents chimiques doivent être évacués à bord de navires militaires danois et norvégiens à destination du port italien de Gioia Tauro, où ils seront transférés sur un navire de la marine américaine spécialement équipé pour procéder à leur destruction.