Les États-Unis ont accusé jeudi la Syrie de «traîner les pieds» pour se débarrasser de son arsenal d'armes chimiques et l'a enjoint de le transférer au plus vite afin qu'il soit détruit, conformément à ses obligations internationales.

Depuis Varsovie, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel avait dès jeudi matin exprimé son «inquiétude» sur le fait que la Syrie n'avait évacué de son territoire que moins de 5% de son stock chimique le plus dangereux et qu'elle était «en retard dans le transfert» de ces armes.

Le département d'État est allé plus loin, exhortant «la Syrie à prendre immédiatement les mesures qui s'imposent pour répondre à ses obligations».

«Ce n'est pas très compliqué. Ils traînent les pieds. Nous devons faire en sorte qu'ils prennent leurs jambes à leur cou pour faire avancer le transfert vers des zones portuaires de leur stock d'armes chimiques», a insisté la porte-parole Jennifer Psaki.

En visite en Pologne, M. Hagel a pressé «le gouvernement syrien (de) prendre ses responsabilités et (de) respecter l'engagement qu'il a pris». Le ministre a dit ignorer les raisons de ce retard de Damas sur le calendrier de démantèlement et les motivations de la Syrie.

«S'agit-il d'incompétence?», s'est-il demandé. «Ce que nous savons, c'est qu'ils sont en retard. Ils doivent y remédier», a ajouté M. Hagel.

La Syrie a évacué moins de 5% de son arsenal chimique le plus dangereux, selon des sources proches de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

Seuls deux chargements d'agents chimiques ont quitté la Syrie, les 7 et 27 janvier, via le port de Lattaquié, pour être détruits en mer. Une source proche de l'OIAC a indiqué à l'AFP que cela représente «un peu moins de 5%» de ce qui aurait dû être évacué au 31 décembre.

Selon le plan de destruction des armes chimiques syriennes approuvé par l'ONU, la Syrie devait avoir évacué le 31 décembre les 700 tonnes d'agents chimiques les plus dangereux déclarés par Damas, notamment ceux entrant dans la composition du gaz moutarde et du gaz sarin.

La Syrie doit aussi avoir évacué au 5 février 500 tonnes supplémentaires d'agents chimiques dits de «catégorie 2».

Chuck Hagel a dit en avoir parlé mercredi avec son homologue russe Sergueï Choïgou. Moscou a été un artisan majeur du plan d'élimination de l'arsenal chimique du président syrien Bachar al-Assad. «J'ai demandé au ministre de faire ce qu'il pouvait pour influer sur le gouvernement syrien afin qu'il respecte l'accord», a confié le chef du Pentagone.

L'armée syrienne doit convoyer ses agents chimiques vers le port de Lattaquié où ils seront embarqués à bord de navires norvégien et danois qui les transporteront sous escorte vers le port italien de Gioia Tauro.

Les armes seront ensuite transbordées à bord d'un navire militaire américain, le MV Cape Ray, qui a été équipé de deux systèmes portables capables de les détruire. Il effectuera les opérations de destruction des agents chimiques dans les eaux internationales.

Le Cape Ray a appareillé lundi de son port de Norfolk (Virgine, Est). Il devrait rejoindre Gioia Tauro d'ici «deux à trois semaines», selon le Pentagone.

Le 8 janvier déjà, l'OIAC avait exhorté la Syrie à intensifier ses efforts après que Damas eut déjà pris du retard dans l'évacuation des agents chimiques les plus dangereux.

La Syrie avait évoqué, pour se justifier, une météo défavorable ainsi que des problèmes de sécurité liés à la guerre qui fait rage depuis près de trois ans.