Des pays donateurs se réunissent mercredi à Koweït pour mobiliser 6,5 milliards de dollars en faveur des victimes de la guerre en Syrie, une levée de fonds présentée par l'ONU comme la plus importante de son histoire pour une situation d'urgence.

Les Nations unies et nombre d'ONG tirent régulièrement la sonnette d'alarme sur la dégradation de la situation humanitaire en Syrie, théâtre d'un conflit qui a fait en bientôt trois ans quelque 130 000 morts et 2,4 millions de réfugiés.

Soixante-neuf pays et 24 organisations internationales doivent participer à la conférence, présidée le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

L'ONU a indiqué avoir besoin de 2,3 milliards de dollars pour aider 9,3 millions de personnes en Syrie, et 4,2 milliards de dollars pour les réfugiés dont le nombre devrait quasiment doubler, à 4,1 millions en 2014.

L'Union européenne va encore accroître, de 165 millions d'euros (225 millions $US) , son aide humanitaire aux victimes du conflit, a déclaré mardi à l'AFP la commissaire européenne chargée de l'Aide humanitaire, Kristalina Georgieva.

Elle a appelé le reste de la communauté internationale à suivre l'exemple de l'UE, de loin le principal donateur pour la Syrie avec plus de deux milliards d'euros (2,74 milliards $US) depuis le début du conflit.

«La situation humanitaire ne cesse d'empirer», a-t-elle prévenu.

Amnesty International a pressé la communauté internationale d'agir rapidement pour mettre fin aux souffrances de millions de civils, dont beaucoup sont menacés par la famine et de graves pénuries de médicaments.

Déplorant la réaction internationale «très inadéquate» à la crise, Amnesty a critiqué certains pays, dont les Émirats arabes unis et la Russie, pour n'avoir pas honoré pleinement leurs engagements pris lors d'une conférence similaire il y a un an à Koweït.

Les Émirats ont cependant indiqué mardi que leur aide aux victimes de la guerre était de 306 millions de dirhams (83,5 millions de dollars) en 2012 et en 2013.

De leur côté, des organisations caritatives koweïtiennes et des ONG, notamment islamiques, ont promis mardi une aide de 400 millions de dollars pour les civils affectés par le conflit.

L'ONG Oxfam a également critiqué la Russie, mais aussi le Japon et la Corée du Sud, pour leurs petites contributions.

Pire crise depuis des décennies

Amnesty a appelé le gouvernement syrien à lever le blocus sur la population civile dans les zones tenues par la rébellion.

Selon Human Rights Watch, les donateurs devraient «pousser le gouvernement syrien» à autoriser la distribution de l'aide humanitaire, particulièrement dans les zones rebelles assiégées par l'armée.

«Les autorités syriennes ont (...) été peu disposées à permettre l'accès dans les zones assiégées ou à laisser les civils quitter des villes où quelque 288 000 personnes sont coincées avec peu ou pas d'aide du tout», déplore HRW, basée à New York.

Le président du Comité international de la Croix Rouge (CICR) Peter Maurer, qualifiant lundi de «catastrophique» la situation en Syrie, a lui aussi exhorté les autorités à laisser passer l'aide.

«C'est la pire crise humanitaire que nous ayons vue depuis des décennies», avait déclaré en décembre le coordinateur du Programme alimentaire mondial (PAM) pour la Syrie, Mouhannad Hadi.

L'ONU a décrit la levée de fonds à Koweït comme la plus importante de son histoire pour une situation d'urgence humanitaire.

Mais ses agences ont indiqué que les appels pour les besoins humanitaires en Syrie restaient sous-financés, ce qui affecte leur capacité d'action.

Les Syriens ayant besoin d'une aide représenteront en 2014 plus de la moitié de la population du pays avant le conflit, débuté en mars 2011 par une révolte qui s'est transformée en insurrection armée face à la répression sanglante du régime.

Actuellement, le Liban accueille le plus grand nombre de réfugiés (905 000), suivi par la Jordanie (575 000), la Turquie (562 000), l'Irak (216 000) et l'Égypte (145 000).

Une partie de ces réfugiés vivent dans des campements, parfois sauvages, dans des conditions particulièrement difficiles.