L'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a appelé à «anéantir» les rebelles contre lesquels ce groupe lié à Al-Qaïda se bat depuis plusieurs jours dans le nord de la Syrie, selon un message audio mis en ligne mardi sur des sites jihadistes.

Ces combats fratricides, qui ont débuté vendredi, ont fait au moins 274 morts: 129 rebelles et membres du Front Al-Nosra, 99 jihadistes de l'EIIL et 46 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

S'adressant aux combattants de l'EIIL, son porte-parole, cheikh Abou Mohammed al-Adnani, a lancé: «Anéantissez-les (les rebelles) et (...) soyez certains de la victoire de Dieu».

Parlant ensuite aux rebelles, il a affirmé: «Aucun de vous ne survivra, et nous ferons de vous un exemple pour tous ceux qui pensent suivre le même chemin».

Le groupe a aussi mis en garde les membres de l'opposition syrienne. L'EIIL «estime que la coalition et le Conseil national (syrien, une des composantes de la coalition, ndlr), l'état-major et le conseil militaire (...) lui ont déclaré la guerre», a indiqué M. Adnani.

«Chaque membre de cette entité est une cible légitime pour nous, à moins qu'il ne déclare publiquement son refus de (...) combattre les moujahidine», a-t-il ajouté.

Le puissant Front islamique, l'Armée des Moujahidine (islamiste) récemment créée et le Front des révolutionnaires de Syrie («modéré», non islamiste) ont lancé la semaine passée une offensive contre l'EIIL, à laquelle s'est ensuite joint le Front Al-Nosra, branche officielle d'Al-Qaïda en Syrie.

«Le comportement de l'EIIL devenait insupportable pour la plupart des groupes armés (...) notamment les tentatives de prendre le contrôle des zones frontalières, coupant de ce fait les réseaux logistiques des rebelles», a affirmé à l'AFP un spécialiste de l'islam en Syrie, Thomas Pierret.

L'EIIL est aussi régulièrement accusé, notamment par l'opposition, d'une série d'exactions, dont des enlèvements et meurtres de civils et de rebelles rivaux.

Déplorant ces affrontements fratricides, le chef de ce groupe, Abou Mohammad al-Jolani, avait néanmoins appelé mardi à un cessez-le feu pour se concentrer sur la lutte contre le régime de Bachar al-Assad.

Si les violences se poursuivent, «le régime va pouvoir trouver un nouveau souffle alors qu'il était proche de l'effondrement», avait-il affirmé.

Les premiers agents chimiques ont quitté la Syrie

Sur un autre plan, la mission conjointe ONU - Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé qu'«une première quantité d'agents chimiques de première importance a été retirée de deux sites, transportée au port de Lattaquié (...) puis chargée aujourd'hui (mardi, ndlr) sur un navire commercial danois».

L'évacuation des agents chimiques les plus dangereux est la première étape clé du plan de démantèlement de l'arsenal du régime, conclu à l'initiative de Washington et de Moscou.

D'après une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée en septembre, la totalité de cet arsenal doit être détruite avant le 30 juin.

Le navire s'est dirigé vers les eaux internationales et devrait y rester «dans l'attente de l'arrivée dans le port d'autres agents chimiques importants», selon la mission conjointe.

Une fois rassemblés à Lattaquié, les composants chimiques doivent être transportés jusqu'à un port italien, où ils seront transférés sur un navire de la marine américaine spécialement équipé pour les détruire en mer.

À La Haye, le directeur général de l'OIAC Ahmet Uzumcu a qualifié cette première évacuation de «pas important».

La conclusion d'un accord sur la destruction de cet arsenal avait permis d'éviter des frappes militaires américaines en Syrie, en représailles à une attaque chimique meurtrière en août près de Damas que Washington attribue au régime.

Le conflit en Syrie a fait plus de 130 000 morts depuis mars 2011.

Les États-Unis ont accusé mardi l'Iran d'épauler son allié syrien dans la répression de civils, à deux semaines d'une conférence de paix à laquelle Téhéran n'est pour l'instant pas convié.

La Coalition nationale de l'opposition, qui réclame le départ de M. Assad, n'a pas encore rendu publique sa décision sur son éventuelle participation.

Le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, s'est déclaré pour sa part convaincu que M. Assad se présentera en juin pour un nouveau mandat et sera réélu.