Washington et Londres ont annoncé mercredi la suspension de leur aide non létale à la rébellion syrienne, après que des combattants islamistes se sont emparés de dépôts d'armes de l'opposition armée et d'un passage clé à la frontière turque.

Sur le plan humanitaire, des milliers de réfugiés syriens vivant dans des campements de misère au Liban étaient confrontés à une tempête de neige et de pluie et à des températures glaciales.

Sur le terrain, les combattants du Front islamique, qui s'étaient emparé samedi de dépôts d'armes appartenant à des groupes armés de la rébellion près du poste-frontière de Bab el-Hawa, ont pris mardi le contrôle de ce point de passage jusqu'ici contrôlé par différents groupes liés à l'Armée syrienne libre (ASL) dont ils ne reconnaissent pas l'autorité. Le poste-frontière a été aussitôt fermé par Ankara.

«À cause de cette situation, les États-Unis ont suspendu toute fourniture d'assistance non létale vers le nord de la Syrie», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'ambassade américaine à Ankara, J.J. Grubisha, qui s'est dit «inquiet» de la saisie par les forces islamistes des installations de l'opposition. Cette aide est livrée aux seuls rebelles de l'ASL, par crainte de la voir tomber entre les mains des groupes jihadistes.

Le Royaume-Uni a également annoncé avoir suspendu son aide non létale à la rébellion. «Nous n'avons aucun projet de fournir des équipements tant que la situation n'est pas éclaircie», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'ambassade britannique à Ankara. La Grande-Bretagne est «en contact avec le CMS» - le Conseil militaire suprême, plus haute autorité militaire de l'ASL - afin d'enquêter sur le sort de matériel britannique envoyé en Syrie.

À Paris, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, a indiqué que «la France maintient ses livraisons d'aide militaire non létale à destination de la Coalition nationale syrienne (opposition, NDLR), en coordination avec ses partenaires de l'Union européenne».

Sur le plan diplomatique, les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), réunis en sommet à Koweït, ont réaffirmé que «les piliers du régime qui ont le sang du peuple syrien sur les mains ne doivent avoir aucun rôle dans le gouvernement de transition et l'avenir politique de la Syrie».

Damas a aussitôt fustigé les ingérences des pays du Golfe, les accusant de soutenir un «terrorisme organisé». Le ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé que seul «le peuple syrien (..) détient le pouvoir de choisir ses dirigeants et de décider de son avenir», soulignant que «l'unique solution (au conflit) est politique».

Damas et l'opposition ont affirmé leur volonté de se rendre à la conférence de paix Genève-2 prévue le 22 janvier, mais leurs objectifs sont différents. Le régime estime que le président Bachar al-Assad doit mener la transition en cas d'accord à Genève alors que l'opposition politique et les rebelles refusent sa présence dans le processus.

En visite à Téhéran, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a appelé «tous les pays responsables» à agir pour que Genève-2 aboutisse à un «résultat positif». Il répondait à une question sur des rumeurs selon lesquelles Riad menacerait les États alliés du régime syrien si M. Assad briguait un nouveau mandat en 2014.

Il a souligné que Genève-2 devait «matérialiser le texte de Genève-1» qui en juin 2012 évoquait le principe d'une transition politique, sans se prononcer sur le rôle du président Assad.

Au Liban, quelques dizaines de milliers de réfugiés syriens affrontaient dans des conditions très précaires une vague de froid, notamment à Aarsal (est), frontalière de la Syrie où la neige couvrait leurs fragiles tentes. Les températures étaient proches de zéro, descendant la nuit à -4 degrés.

«Nous sommes préoccupés parce qu'il fait un froid glacial dans la région de la Békaa (est), et extrêmement inquiets pour les réfugiés vivant dans des campements sauvages», a déclaré la porte-parole du Haut Commissariat pour les réfugiés de l'ONU (HCR), Lisa Abou Khaled.

«L'eau s'est infiltrée dans les tentes depuis les toits et du sol provoquant des inondations», a souligné Wafiq Khalaf, membre du conseil municipal d'Aarsal, ajoutant que le sol était recouvert de plus de 10 centimètres de neige.