Le décès lundi du chef charismatique d'un des plus importants groupes rebelles syriens est un coup dur pour la rébellion, qui fait face à une progression des troupes loyales à Bachar al-Assad dans le nord du pays.

Le dirigeant du groupe Liwa al-Tawhid, Abdel Qader Saleh est «tombé en martyr», affirme le mouvement sur sa page Facebook.

«Abdel Qader Saleh, connu sous le nom de Hajji Marea, a succombé après avoir été touché jeudi dernier lors d'un raid aérien contre une base de la direction du groupe», a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

«Il avait été transporté en Turquie et est mort à l'hôpital avant le transfert de sa dépouille en Syrie pour les funérailles», a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

L'homme de 33 ans a été «le premier instigateur de manifestations pacifiques dans la province d'Alep, puis le premier assaillant des bastions des gangs d'Assad», dans la deuxième ville du pays, a affirmé dans un communiqué la Coalition de l'opposition syrienne. «Il est devenu un symbole vivant dans les coeurs des Syriens».

Le raid aérien mené jeudi par l'armée du régime a également tué Youssef al-Abbas, connu sous le nom d'Abou al-Tayyeb, chef des renseignements du même groupe, et blessé un autre haut responsable du groupe rebelle Abdelaziz Salamé.

Après l'attaque, Liwa al-Tawhid a arrêté 30 personnes soupçonnées d'être des informateurs du régime de Bachar al-Assad.

Ancien négociant en céréales, Abdel Qader Saleh fait partie des dizaines de milliers de civils qui ont pris les armes contre le régime après la militarisation de la révolte, en réaction à la brutale répression menée par les troupes d'Assad.

Il a été le fer de lance de la bataille d'Alep, à l'été 2012, à la tête de Liwa al-Tawhid un groupe d'environ 8000 combattants proche des Frères musulmans et financé par le Qatar, un des principaux soutiens de la rébellion.

Il avait rompu avec la Coalition de l'opposition en exil, estimant qu'elle était complètement déconnectée de la réalité sur le terrain.

Considéré comme un islamiste «modéré», en comparaison aux djihadistes qui ont déferlé en Syrie à mesure que le pays s'enfonçait dans la guerre, il prônait un «État islamique issu d'élections libres», affirmant respecter les minorités religieuses du pays.

«Actuellement, en Europe, tous les dirigeants sont chrétiens, car la majorité est chrétienne. En Syrie, la majorité est musulmane, le pouvoir doit l'être aussi, élu par le peuple», avait-il dit à l'AFP lors d'une rencontre en mars dernier.

Abdel Qader Saleh était connu et respecté dans la région, et les militants le décrivent comme une personne «très charismatique et très proche des gens».

«C'était une personnalité très, très importante dans la région d'Alep, mais il était aussi considéré par beaucoup en Syrie comme une figure de la révolution», a affirmé Charles Lister, analyste à l'IHS Jane's Terrorism and Insurgency Centre.

Le visage affable, une courte barbe noire, il était marié et père de cinq enfants. «Issu d'un milieu modeste. Il était très pieux, mais très ouvert (...) et il conservait de très bonnes relations avec la quasi-totalité des différents groupes», a-t-il ajouté.

Pour M. Lister, «sa mort est un coup dur» pour l'opposition, mais pourrait «pousser les rebelles à lancer une contre-attaque face à l'avancée du régime», alors que l'armée syrienne, soutenue par le puissant Hezbollah libanais, avance dans la région d'Alep où les rebelles ont connu une série de revers.